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CAMPAGNE PRESIDENTIELLE 8 : MACRON VS MELENCHON 2 sur 5
L’ ÉCONOMIE ET LE TRAVAIL
J’ai donc examiné en premier lieu le programme économique des deux candidats. Pour les qualifier en quelques mots :
Celui d’Emmanuel MACRON : un manque d’audace et d’ambition dans l‘investissement qui ne peut être à même de relancer sérieusement la création d’emplois par une politique économique basée sur des incertitudes de relance de la compétitivité par des mesures qui n’ont pas fait la preuve de leur efficacité.
Celui de Jean-Luc MELENCHON : une audace mesurée servie par un solide financement basée sur un programme économique équilibré porteur de créations d’emplois pérennes et qui rétablit une certaine justice fiscale et sociale.
Il est clair qu’ils divergent profondément sur plusieurs points et notamment les moyens qu’ils comptent activer pour réussir.
(auteur geralt, CC0 domaine public)
Ils n’ont rien à voir avec le programme de Marine Le Pen non crédible et celui de François Fillon au service des nantis et de l’austérité et voués, tous deux à l’échec comme je l’ai démontré.
Pour les deux candidats, l’économie et le travail sont des enjeux majeurs.
Emmanuel Macron décline ces points en deux chantiers :
« la société du travail » et « la modernisation de notre économie »
Jean-Luc Mélenchon décrit son projet sous le titre : Partager les richesses
Ils n’ont pas la même conception du fonctionnement de notre économie.
Je ne vais pas recopier en détails les points de ces programmes. On les trouve sur le site de chaque candidat. Il n’en reste pas moins nécessaire de les analyser. Ce qui n’est pas si simple.
EMMANUEL MACRON
Le projet économique d’Emmanuel Macron ne me semble ni moderniser l’économie ni révolutionner celle-ci.
L’ambition d’investissement est insuffisante.
C’est aussi pour une grande part la continuité d’une politique de l’offre entamée par François Hollande qui est un échec.
Il y a un manque de recherche de financement autre que des économies sur les services publics.
J’estime que ce projet et les mesures qui sont proposées sont des plus classiques. Elles sont dans la lignée des mesures prises lors de ce quinquennat c’est à dire des mesures qui ont échoué à créer de l’emploi et à relancer véritablement la croissance même si on y trouve quelques améliorations pour les salariés comme un investissement dans la formation professionnelle ou la possibilité de démissionner et de toucher les allocations chômage.
La simplification du droit du travail en donnant plus de place au dialogue social dans l’entreprise pour le temps de travail donc, ce serait en quelque sorte appliquer la loi El Khomri ce qui n’est pas fait pour favoriser la protection des salariés.
La politique fiscale qui veut favoriser la compétitivité des entreprises n’a rien de révolutionnaire. Je note que réduire les charges des entreprises pour les encourager à embaucher cela veut dire abaisser le coût du travail. C’est en rester aux vieilles recettes qui ne marchent pas.. Il ne suffit pas en effet de rendre les entreprises compétitives par rapport au coût du travail. Je rappelle que la baisse des charges du CICE et autres mesures d’allégement des charges ont rendu le coût du travail presque à égalité avec celui de l’Allemagne dans notamment l’industrie manufacturière mais pas partout, il est vrai. Tout dépend du secteur. Pour qu’une entreprise vende à l’extérieur il faut aussi que ses produits intéressent. Il ne suffit pas d’offrir donc il faut qu’il y ait de la demande. Il ne suffit pas d’avoir un produit qui coûte moins cher encore faut-il que ce produit apporte un plus qui soit demandé à l’international. Or au niveau européen voir mondial, la demande est en baisse dans nombre de pays.
En transformant le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) en allègement pérenne de cotisations pour les entreprises et la suppression de toute charge patronale au niveau du SMIC, on continue de détruire peu à peu ce qui faisait le socle des rentrées fiscales qui sert à la solidarité nationale.
Les résultats du CICE ont montré que pratiquer cette politique est un leurre .
Les chiffres du CICE : 43 milliards d’euros sur les années 2013 à 2015 (11,4 milliards d’euros en 2013, 17,3 milliards en 2014 et 14,5 milliards fin juillet 2015), sans effets du CICE observables sur l’investissement, la recherche-développement et les exportations. Le CNRS fait état de 45 000 à 115 000 emplois sauvegardés ou créés. Coût d’un emploi CICE selon les chiffres de cette époque : en prenant le chiffre de 140 000 créations ou maintiens d’emplois, hypothèse moyenne cela fait environ 300 000 euros l’emploi ! UN GRAND GACHIS de moyens qui aurait pu être utilisé soutenir la création de manière ciblée par exemple auprès des petites entreprises pour des emplois localisés et pérennes.
La Baisse du taux d'impôt sur les sociétés de 33,3% à 25% sur le quinquennat me semble trop généraliste pour aider les petites entreprises et épargnera les grosses qui déjà ne paie pas le taux qu’elles devraient payer en jouant sur les niches fiscales qui dans le projet d’Emmanuel Macron ne sont pas, à ma connaissance remises en cause.
Actuellement, les grandes entreprises du CAC 40 ne payent que 8% d’impôts sur les bénéfices alors que les PME en payent 22%.
C’est pour cela qu’il faut aider les petites entreprises à se développer ou se créer pour innover vers des produits « achetables » plutôt que de continuer de donner de l’argent à fonds perdu aux grands groupes.
Le nouveau modèle de croissance est également fondé sur un plan d’investissement de 50 milliards d’euros sur cinq années.
On peut noter une bonne mesure : les 15 milliards d’investissement pour la formation. « Il faut pouvoir permettre à chacun et à chacune de se reconvertir vers les métiers d’avenir et les secteurs en développement, tout en développant de nouvelles protections l’assurance chômage à tous ».
Les intentions sont bonnes pour les 35 milliards d’investissement qui restent
5 milliards pour la santé, 5 milliards pour l’agriculture, 5 milliards pour la modernisation des administrations publiques, 5 milliards pour les transports et équipements collectifs locaux, 15 milliards pour la transition écologique et énergétique .
Mais cet investissement reste insuffisant pour une véritable relance intérieure dans le domaine notamment de la transition écologique qui ne prévoit pas une diminution suffisante du nucléaire.
Ce montant de 35 milliards est donc très nettement insuffisant si on veut relancer véritablement l’investissement en France et produire des biens, de l’emploi et donc de la consommation.
En effet, il est prouvé que sur les 10% de chômeurs officiels, 3% est dû à l’insuffisance de la demande intérieure et c’est d’abord là qu’il faut investir.
La politique fiscale dit vouloir augmenter le pouvoir d'achat des Français ce qui n’est pas négatif :
- Suppression de la taxe d’habitation pour 4 Français sur 5. (Les ressources des collectivités locales -sont maintenues)
- Débloquage de l'équivalent d'un 13ème mois pour les salariés au SMIC en supprimant les cotisations salariales et maladies à la charge des salariés, et en augmentant de 50% la prime d'activité.
Si pour la prime d’activité c’est un bon point, la baisse des cotisations va une fois de plus, comme il a été fait pour les cotisations familiales sous Hollande, diminuer les rentrées fiscales : Le bon moyen pour augmenter le pouvoir d’achat des salariés c’est d’augmenter véritablement le SMIC et les salaires sans diminuer les cotisations sociales ce qui d’une part boosterait la demande intérieure et d’autre part permettrait de conserver le fruit des cotisations pour les dépenses de la solidarité nationale.
l'ISF serait calculé sur la valeur du patrimoine immobilier. « L'ensemble des valeurs mobilières en seraient exclues ». « l'abattement sur la résidence principale », mais aussi l'exonération pour les œuvres d'art sont maintenues. "Je supprimerai la part de l'ISF qui finance l'économie", a annoncé l'ex-ministre de l'Economie, en précisant qu'il visait "la détention d'actions et le financement d'entreprises". L'ISF ne concernerait alors plus que les biens immobiliers, hors résidence principale, et serait donc renommé "impôt sur la rente immobilière". Selon Emmanuel Macron l’exonération partielle de l'ISF devrait encourager les Français fortunés à investir dans des entreprises représentant "l'économie réelle" plutôt que dans des biens immobiliers. On peut en douter. Même si à la marge, il pourrait y avoir un investissement dans des entreprises ce sera plutôt dans celles qui seront jugés « rentables » comme les multinationales et il fort à parier que d’aucuns hésiteront à investir dans des « start up » qui ne rapportent pas de dividendes immédiatement.
Emmanuel MACRON veut réaliser 60 milliards d’euros d’économies sur les dépenses publiques sur cinq ans pour abaisser le niveau d’endettement en respectant les engagements européens.
Cela veut dire qu’il est accepté la règle européenne des 3% qui ne sera pas renégociée.
- 25 milliards d’euros d’économie en ce qui concerne la « sphère sociale ».
Le projet parie sur une diminution du chômage (avec pour objectif un taux à 7%), les dépenses d’assurance chômage diminuant donc automatiquement.
Ce pari est plus que risqué. On sait ce qu’a donné le CICE à cet égard.
Les dépenses d’assurance maladie seraient contenues à 2,3% par an grâce à une meilleure prévention et à une meilleure couverture des soins pour une économie de 10 milliards d’euros. Il manque des explications sur le comment et sur le quoi.
Pour les collectivités locales un pacte sur 5 ans serait mis en place. Les collectivités devront s’engager sur une trajectoire de baisse de leurs dépenses. En contrepartie, l’Etat rompra avec la méthode de la baisse brutale des dotations consistant à couper les vivres pour provoquer des économies.
25 milliards d’euros d’économie sur les dépenses de l’état, en modernisant la fonction publique et en visant une réduction réaliste et différenciée des postes dans la fonction publique d'Etat. Le mot différencié est important mais des 120 000 postes de fonctionnaires quels postes seront concernés ? Que veut dire modernisation de la fonction publique ?
En définitive le projet d’Emmanuel MACRON n’est en rien une modernisation de l’économie mais plutôt une utilisation des vieilles recettes habituelles.
Tout cela manque d’ambition et de réalisme notamment quant à l’éventuelle baisse du chômage qui est loin d’être assurée et l’investissement public créateur d’emplois insuffisant.
Ce qui mettrait KO le projet.
A suivre... avec le projet de Jean-Luc Mélenchon
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