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CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE 6 : PROJET ET PROGRAMME FRANÇOIS FILLON 2 sur 4
Je poursuis donc l’inventaire des économies que François Fillon veut faire pour diminuer notre déficit public. Après la suppression de 500 000 postes dans la fonction publique (15 milliards), le rabot passerait pour réduire les dépenses de santé, les retraites et les indemnités chômage, les dotations des collectivités locales...
Tout pour améliorer la vie des français bien sûr... Enfin cela dépend desquels...
(auteur colobri5, CC0 domaine public)
- Dépenses de santé : « plus de 20 milliards d'€ de réduction de la dérive des dépenses de santé, en veillant à ce que leur progression se situe sensiblement en-dessous de 2% par an ; une réforme ambitieuse de la carte hospitalière sera également nécessaire, gage à la fois de maîtrise des dépenses et de qualité des soins, car trop souvent le conservatisme dans ce domaine génère à la fois du gaspillage et une mauvaise performance ;... »
Un premier grand flou car il ne précise que très peu où il compte les réaliser.
Reprenons le contexte de la santé en France. La Loi ANI a obligé nombre de travailleurs à prendre une complémentaire santé choisie par leur patron. Deux enquêtes menées par la Mutuelle MERCER et par la Fédération Nationale Indépendante des Mutuelles indiquent que de 6% en 2013, la part des français ne disposant pas de complémentaire santé est passé à 8% Il n’ya donc pas eu une vraie augmentation du nombre de français couverts par des complémentaires santé. 16% des français dont le revenu est inférieur à 20 000 € par an ne disposent d’aucune complémentaire. Le sondage réalisé par la FNIM montre que 37%, soit 4 français sur dix, ont renoncé à se soigner faute d’argent au cours des deux dernières années. Parmi les français qui ont revenu annuel inférieur à 20 000 € c’est 1 sur 2, contre 28% pour ceux gagnant plus de 40 000 € / an.
L’étude menée par Mercer montre que le reste à charge moyen en cas d’hospitalisation à doublé, ainsi que pour les consultations de spécialiste. Cette étude constate que pour obtenir un remboursement identique à ceux pratiqués avant la réforme les travailleurs doivent prendre une complémentaire en plus. Mais celle-ci n’est pas prise en charge par l’employeur.
Parler de dérives c’est bien, mais entreprendre une réforme qui permette à tous les français de se soigner c’est mieux.
Bien qu’il ait effacé de son site l’intention, l’objectif de François Fillon comme il le disait, le 24 novembre 2016 : « La première chose que je veux faire, moi, c’est désétatiser le système de santé. Il est beaucoup trop étatique. […] Oui, je propose que la Sécurité sociale se concentre sur les risques principaux […], affections graves et de longue durée. Donc on va discuter avec les partenaires sociaux de la composition de ce panier de soins qui devrait être couvert par la Sécurité sociale. Et je souhaite que pour ce qu’on appelle le petit risque on aille vers les assurances complémentaires. »
Depuis, il aurait adouci son propos mais le flou reste. Car comment va-t-il réduire de 20 milliards d’euros les dépenses de santé si ce n’est en mettant en place les mécanismes nécessaires pour réduire les remboursements par la Sécurité sociale ?
Rappel : Avec trois branches sur quatre à l’équilibre (retraite, famille, accident du travail), le régime général de la « Sécu » devrait, en 2017, avoir un solde négatif de 400 millions d’euros, lié au seul déficit de la branche maladie sur un budget de 500 milliards d’euros.
Budget de la branche maladie : 205 milliards d’euros de dépenses.
Monsieur Fillon veut dépenser moins. En admettant qu’on puisse améliorer la lutte contre la fraude notamment des professionnels responsables de 4/5 de la fraude sur les 200 millions annuels... une goutte d’eau.
Monsieur Fillon continuera donc de dé rembourser, de diminuer les prestations... Le marché des assurances n’attend que cela pour récupérer la manne... de ceux qui pourront payer.(auteur kliemphoto, CC0 domaine public)
- Sur la réforme des retraites, 20 milliards d’euros d’économies avec un âge de départ à la retraite à 65 ans à la fin du quinquennat. Aligner les retraites du public sur celles du privé avec un calcul sur les 25 meilleures années au lieu du système actuel. François Fillon va utiliser là la grosse ficelle qui permet de réduire le montant des retraites et gagner donc quelques milliards. Mais ce ne sera que le début. Cela incitera donc les futurs retraités à faire de l’épargne « retraite » par capitalisation auprès des assurances.
- La dégressivité de l’assurance chômage : 10 milliards.
Il n’a pas été attendu l’éventuelle élection de François Fillon pour réduire les droits des chômeurs. et faire une économie de 900 millions d’euros. Un accord entre les partenaires sociaux (devrait permettre de réaliser près de 900 millions d'euros d'économies : Mini-hausse de cotisations, changement de calcul des allocations, baisse de droits pour la «filière seniors», harmonisation des cotisations patronales... Les grands perdants seront les chômeurs de plus de 50 ans. Désormais, l'âge d'entrée dans la filière senior de l'assurance chômage, qui donnait une durée d'indemnisation de 36 mois au lieu de 24 est reporté à 55 ans au lieu de 50 ans. Un palier intermédiaire va être créé : Entre 53 et 55 ans, la durée maximale va passer à 30 mois, avec la possibilité d'être indemnisé jusqu'à 6 mois supplémentaires si le chômeur se forme. Les chômeurs de 50 à 55 ans voulant entrer en formation bénéficieront d'un abondement de leur compte personnel de formation (CPF) pouvant aller jusqu'à 500 heures. Le problème est que dans la période actuelle de plein chômage quand on a 50 ans il est plus long et difficile de trouver un emploi.
François Fillon lui ira plus loin. Il veut « redresser les comptes de l’Unedic avant la fin de la mandature et engager le remboursement de ses 40 mds d’euros de dette en invitant les partenaires sociaux à parvenir, à l’automne 2017, à un accord pour le redressement. complet de l’assurance chômage sur le quinquennat. A défaut d’accord, l’État prendra ses responsabilités en réformant lui-même la gestion du régime d’assurance chômage notamment via l’introduction d’une dégressivité obligatoire la motivation d’un refus d’emploi dans l’attribution des allocation. Responsabiliser les demandeurs d’emplois en rendant obligatoire la motivation d’un refus d’emploi et en sanctionnant un deuxième refus insuffisamment motivé. »
J’estime que c’est d’une part porter un soupçon de plus sur les chômeurs qui ne chercheraient pas d’emploi ce qui justifie la dégressivité qui va mettre d’autre part en difficulté des familles alors que les entreprises ne créent pas d’emplois en nombre suffisant.
François Fillon pense que son plan de libéralisation de l’économie pour les entreprises créera des emplois. Peut-être mais il n’y a aucune certitude que cela marchera pour diverses raisons que j’exposerai après. Même si des emplois sont créés ce ne sera pas par millions. Nous sommes à plus de 10% et son objectif c’est 7% donc pas le plein emploi. Mettre la dégressivité en pleine période de chômage important est une ineptie pour la situation de celles et ceux qui vont la subir.
Et si le chômage diminue comme il parait que ses mesures devraient le permettre, il y aurait plus de rentrée de cotisations et moins de chômeurs à indemniser... le deficit de l'Unedic tombe. Mais monsieur Fillon n'est peut-être pas sûr du résultat de sa libéralisation économique envers les entreprises...
- Sur le budget des collectivités territoriales : 20 milliards d’euros. C’était en tout cas dans le projet initial. Depuis, sans doute sous l’influence du président de l' Association des Maires de France, son futur peut-être premier ministre François Barouin, il a revu à la baisse ses ambitions ... ce qui m’amène à dire qu’il essayer de trouver les milliards qui manquent ailleurs. Où ?
(Pour l'instant je n' ai compté que 85 milliards d'économies... mais sans doute n'avons nous pas la même calculette. Ou je ne sais pas compter ou le cadrage financier n'est pas clair)
Il n’en reste pas moins vrai que l’on verra les impôts locaux continuer de monter ce qui diminuera d’autant le pouvoir d’achat des moins aisés, les impôts locaux n’étant pas subordonnés aux revenus.
(auteur geralt, CC0 domaine public)
CONCLUSION PROVISOIRE
Avant d’aborder les RECETTES ET LES DÉPENSES DE SON PROGRAMME et sa vision de la société, je conclurai à propos des « économies » de François Fillon en disant qu’il prend celles-ci où il ne le faut pas alors qu’on pourrait facilement trouver 200 milliards ailleurs, ceci pour éviter d’amoindrir les services que l’Etat se doit de rendre aux français et ne pas, une fois de plus, accentuer les difficultés de celles et ceux qui ont le moins, les chômeurs et leurs familles...mais pas que car la suite est empreinte de nombre d'aberrations économiques et sociales supplémentaires qui n'apportent aucun vision positive de l'avenir pour les français.
J’y reviens bien sûr pour le démontrer...
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Tags : FILLON, programme, santé, chômage, retraite, colletivité locale