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ALEP...
Je ne sais pas si je peux trouver les mots justes pour déplorer le drame d’ALEP.
Cela me convainc, s’il le fallait encore, que les soi-disant puissants de ce monde qui devraient protéger et permettre que les populations d’un pays soit préservées des massacres dus à la folie du pouvoir de certains gouvernants comme Bachar el Assad (mais il y en a d ‘autres en puissance pour l’avenir) qui a fait tuer ou fuir une grande partie de sa population.
(auteur Alexas_Fotos, CC0 domaine public)
L’information est quand même assez complète- quand on la recoupe- pour dire que des enfants, des femmes, des hommes ont été massacrés par les bombes ou assassinés par ceux qui, sur le terrain, ont les armes de quelque côté qu’ils soient si on peut d’ailleurs définir les côtés tant il y a des fractions égoïstes qui ne se préoccupent pas de la vie et préfèrent semer la mort. Cela a l’air plus facile sans doute, installés qu’ils sont dans leurs certitudes.
Quant au reste, les stratégies géo politiques et équilibres des grands ou de certains pays plus petits, c’est plus que complexe...Je ne m’avancerai donc pas à analyser tous les "pourquoi" de la situation parce que je ne veux pas être simpliste et que chacun est à même de prendre ici ou là les informations nécessaires pour se faire une idée des problèmes, origines et conséquences. Cela n’apportera rien de faire une dissertation de plus sur le sujet.
J’en resterai donc aux constats actuels qui sont graves pour l’avenir.
Le premier est la faiblesse de ceux qui prétendent protéger le monde des horreurs de la guerre ou l’inhumanité des soi-disant « grands pays » qui ne veulent que reconquérir ou conquérir un pouvoir sur la planète tout cela sur fond d’intérêts économiques : pétrole, gaz, minerais précieux, ventes d’armes...
(auteur Alexas_Fotos, CC0 domaine public)
LE BILAN DE L’HORREUR
Le premier constat de l'horreur c'est le bilan des victimes de la guerre en Syrie établi en février 2016 avant le décompte de la tragédie d’ALEP :
Depuis mars 2011, près de 500 000 personnes ont péri : 400.000 Syriens ont été tués depuis que la guerre civile a éclaté dans le pays et 70.000 autres sont morts en raison du manque d'eau potable, de nourriture ou de médicaments. Plus de la moitié de la population a été déplacée. (Source le quotidien The Gardian*, chiffres corroborés par d’autres sources). Selon l'UNHCR (Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en 2015, la tragédie syrienne était déjà à l’origine de plus de 10 millions de déplacés sur une population totale de 22 millions avant guerre:
- 4 millions de Syriens ont quitté leur pays
- 7,6 millions se sont déplacés à l'intérieur du pays.
De mars 2011 au 31 janvier2016, le Réseau syrien des droits de l'homme recense la mort de 192 434 civils, dont 21 070 femmes et 21 152 enfants, causées dans 90 à 95% des cas par les forces du régime syrien.
La guerre en Syrie a également fait 1,9 million de blessés parmi la population syrienne (rapport d'une ONG travaillant avec les Nations Unies).
Au total, c’est 11,5% de la population syrienne qui a donc été tuée ou blessée en raison de la guerre.
(image Domaine public modifiée)
L’ONU, UN ORGANISME IMPUISSANT.
C’est un autre constat.
L’ONU créée soit disant pour agir pour faire préserver la paix dans le monde est d’une impuissance « crasse ». Elle ne sait que se réunir, proposer des résolutions, déplorer, faire des communiqués. Le Conseil de sécurité n’arrive pas à prendre une seule décision d’action pour arrêter les massacres ou aider la population. Il est impuissant, incapable d’agir. Il suffit d’un véto de l’un des membres pour paralyser le système. La Russie, alliée de Bachar El Assad ne s’en prive pas. Elle n’a comme préoccupation majeure que de renforcer sa place stratégique au Moyen orient. Que des peuples soient massacrés n’a pas l’air toucher ses gouvernants. Il est anormal qu’un pays « partie prenante du conflit » puisse imposer par son véto le blocage de mesures destinées à aider les populations au niveau sanitaire et humanitaire.
Quelques faits car on ne peut s’en tenir qu’à cela:
L’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) a adopté, vendredi 9 décembre 2016, à une large majorité une résolution qui demande la fin du carnage en Syrie avec un cessez-le-feu immédiat et la livraison d’urgence d’aide humanitaire.
Le texte proposé par le Canada a été adopté par 122 pays sur 193. Treize pays, dont la Russie, l’Iran et la Chine ont voté contre, 36 se sont abstenus et 22 n’ont pas pris part au vote.
L’ONU a en outre exprimé ses préoccupations concernant des informations sur la disparition de centaines d’hommes s’étant réfugiés dans les zones contrôlées par le régime.
Le texte réclame une « cessation complète de toutes les attaques contre des civils » et demande de lever tous les sièges en autorisant un « accès humanitaire rapide, sûr, prolongé, sans entrave et inconditionnel » en Syrie. Le Liban, l’Irak, l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Inde notamment font partie des pays qui se sont abstenus.
Résultat concret : RIEN jusqu'à aujourd'hui !
Sans vouloir dire qu’il n’y a pas de propositions pour faire cesser le feu, force est de constater qu’on palabre beaucoup depuis des années. Pendant ce temps, les populations sont massacrées ou fuient la Syrie. Certains d’entre eux se retrouvent en Europe et en France. Ce sont ceux qu’on appelle les « Réfugiés » que certains ne veulent pas qu’on accueille...Des textes, des textes, des textes...et rien pour sauver les vies des enfants, femmes et hommes d’ALEP qui meurent à chaque seconde sous les bombes ou les coups de fusils...
Cela résume tout. Le constat est clair.
L’ONU ne sert dans ce cas là pas à grand chose tout comme l’ancienne SDN (Société des Nations) qu'elle a remplacée et qui n’a pas su éviter les conflits de la dernière guerre 39/45.
(Bombardement américain sur Courbevoie, 31 décembre 1943. Deux usines sont visées (SKF-CAM et Hispano-Suiza) ; la zone bombardée est visiblement beaucoup plus étendue. Domaine public)
LA FRANCE, L’EUROPE et LES ÉTATS UNIS D’AMÉRIQUE
Le 15 décembre 2016, reçu par le Conseil européen à la demande de la France, le maire d’Alep-Est, Brita Hagi Hasan, a délivré un message désespéré :
« Je ne vous demande pas de sauver nos rues étroites, nos souks, nos murs, c’est fini, Je ne vous demande pas de faire revenir les vies perdues, c’est fini. Je ne vous demande pas de sauver la liberté, c’est fini, a-t-il déploré. Mais je vous demande une dernière chose. Je vous demande encore de sauver ce qui reste de nos vies, nos femmes et nos enfants, en ouvrant un corridor ».
A la presse il déclarait : les « 50 000 habitants d'Alep-Est n'attendent plus que la mort après l'échec de la communauté internationale (...) Des dizaines de massacres sont perpétrés chaque jour. C’est une situation tragique que nous ne pouvons même pas décrire ». « L'Histoire ne pardonnera pas. L'Histoire prend note du silence international face aux crimes contre l'humanité commis en Syrie ». Il redit l'urgence de faire « respecter le cessez-le-feu » et d'organiser « une évacuation sûre des civils ».
Je ne citerai pas les propos du président de la république française qui redemande l’ouverture d’un corridor humanitaire.
Le maire d'Alep-Est a affirmé que le Conseil de sécurité de l'ONU est incapable d’ imposer une trêve humanitaire : « Ce que nous attendons, ce sont des actes et non des paroles, parce que les enfants d'Alep lancent des cris et attendent d'être sauvés ».
Cela confirme mon constat sur l’impuissance de l’ONU.
Les Etats Unis font des déclarations: (semaine dernière)
John Kerry, secrétaire d’Etat Américain : « « Ce qui se passe à Alep est la pire catastrophe, ce qui se passe en Syrie est la pire catastrophe depuis la seconde guerre mondiale. C’est inacceptable. C’est atroce ».
OK, c’est bien et puis... ??? RIENLES RESPONSABILITÉS :
D’aucuns recherchent la responsabilité passée de la France, historique disent-ils, dans le conflit syrien en remontant à 1916. (Un article dans Slate y fait référence et donne des points de vue http://www.slate.fr/story/77380/syrie-france-responsabilite-historique).
Pour ma part, je me situerai dans un passé beaucoup plus récent car cela sert-il de remonter aux calendes grecques pour des évènements qu’on aurait pu peut-être éviter et dont la responsabilité incombe aux gouvernants actuels du monde ?
Tout ce que je dis ne change rien au nombre de morts sacrifiés sur l’autel de l’impuissance des Nations désunies au sein de l’ONU mais il faut être conscient que ce n’est pas rassurant quant à l’avenir si nos institutions communautaires n’évoluent pas dans le bon sens en se dotant des vrais moyens pour avoir une paix équilibrée pour faire face aux guerres et aux périls humanitaires de demain et notamment ceux qui seront liés à l’évolution climatologique négative de notre planète. Une autre forme de guerre aura lieu et s’ajoutera aux conflits guerriers actuels celle contre l’égoïsme de certaines nations qu’il faudra bien convaincre à la solidarité.Et pour cela il y a besoin d’institutions mondiales fortes capables de coopérer pour le bien des peuples et pas pour l’intérêt des lobbies marchands notamment ceux des armes, des énergies fossiles ou alimentaires pour ne citer que ceux là.
Quand on voit l’attitude de certaines nations et la position du futur président des Etats Unis d’Amérique, Donald Trump, ce n’est pas gagné.
Pour en revenir à la Syrie, il est donc facile de comprendre dans ce contexte d’impuissance comment se développe l’impunité de la barbarie de certaines forces en présence et se permettent les actions ignobles d’un dictateur, Bachar El Assad qui a détruit son pays pour conserver LE pouvoir au prix de la mort de milliers des siens aidé dernièrement par une Russie sans scrupules qui veut reconquérir une grandeur passée par la force des armes pour conserver une position géostratégique forte. S’ajoute à cela la légèreté d’une Europe qui laisse les autres agir à sa place parce qu’inorganisée sur le plan militaire et à la remorque de l’OTAN et d’une Amérique incapable de prendre les décisions qui s’imposent au bon moment.
Il n’est qu’à se rappeler août 2013 alors que la France avait réuni les preuves de l’utilisation de gaz mortel sarin par Bachar El Assad auprès de sa population et que le président François Hollande avait obtenu le ralliement des Etats-Unis à un plan d’attaque militaire. Tout était près, Français comme Américains...et il a suffit d’un coup de fil du président Barack Obama pour tout annuler et continuer de ne rien faire, laissant les situations s’aggraver. Pourquoi ce revirement ? La question est posée et les hypothèses nombreuses quant aux forces et pressions qu’il y a pu y avoir. Il est cependant clair que le peuple Syrien a été abandonné...
CONCLUSION
Il n’y a rien à conclure car tout n’est pas fini avec la prise d’ALEP et notamment la souffrance des enfants, femmes et hommes de Syrie qui errent hors et dans leur pays détruit, sans foyer où se fixer pour vivre dignement.
Des blessés vont encore mourir et la guerre n’est pas terminée...
(auteur Peggy_Marco, CC0 domaine public)
* The Guardian est un quotidien d’information britannique fondé en 1821.Le site internet du Guardian est en 2012 le troisième site de presse le plus consulté du monde. Le 14 avril 2014 The Guardian et The Washington Post reçoivent le prix Pulitzer pour leur édition américaine consacrée aux révélations d'Edward Snowden sur la NSA.
Tags : Alep, Syrie, ONU, guerre, massacres, USA, Russie, France