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Aéroport de Notre Dame des Landes : projet d’arrière garde ?
Vaste sujet que ce projet d’aéroport qui, le moins qu’on puisse dire, ne fait pas l’unanimité dans le pays Nantais mais concentre toutes les attentions y compris au niveau national.
On assiste par médias interposés à une véritable guerre où est en jeu le respect d’un environnement et celui de citoyens qui veulent être pris en considération. Malheureusement au lieu de se faire dans le dialogue et la concertation, on utilise les armes de la violence contre ceux qui demandent à être écoutés.
Avoir réussi à populariser le problème est une première victoire de ceux qui organisent la résistance.Il faut continuer d'informer pour éviter la désinformation qui parfois transparait dans certains reportages qui se contentent de montrer des affrontements en choisissant des images de faits mineurs qui desservent le mouvement. (auteur Llann Wé sur Wikipédia français, autorisation CC-BY-SA-3.0. 21/11/2012)
Face à face, deux conceptions s’opposent :
- Celle du pouvoir qui dit faire respecter le droit et la loi en envoyant des forces de police pour « nettoyer » sans aucun ménagement le site
- Celle des occupants légitimes : propriétaires qu’on veut exproprier, paysans, nouveaux occupants venus soutenir ceux qu'on veut déloger, de vrais écologistes de base, des habitants de la région nantaise…Ils sont légitimes dans le sens où ils représentent une alliance citoyenne non politicienne qui prend de plus en plus de force et qui veut faire respecter le droit au dialogue, à la négociation, au respect de la terre et de ses hommes qui y vivent et travaillent et de la biodiversité. Ils sont légitimes car ils demandent que les politiques soient en cohérence dans les actes avec leur discours sur des priorités écologiques qu'ils trahissent.
(auteur Tybo2, 18/11/2012,Commune de Notre-Dame-des-Landes sur OpenStreetMap, Creative Commons paternité – partage à l’identique 3.0 (non transposée))
Cela devient un combat sur le terrain qui vire à la violence surtout de la part des forces de l’ordre qui ont les premiers attaqués sur les directives de ceux qui disent détenir « la vérité » et « le droit » : l’Etat qui envoie ses policiers et gendarmes au service des intérêts notamment de l’entreprise Vinci.
LE REFUS DE D’ECOUTER, D’ENTENDRE LE CITOYEN LEGITIME LA CONTESTATION ET LA MANIFESTATION
Quand la contestation prend une telle ampleur, il y a des raisons majeures et dans ce cas précis elles sont profondes et pas politiciennes. Qu’on puisse utiliser la force publique pour faire valoir le « bon droit » au lieu de négocier comme cela se fait dans toute démocratie digne de ce nom, est choquant et peu digne d’un gouvernement qui se dit de gauche.
On se croirait revenir aux méthodes des cinq dernières années quand le pouvoir n’écoutait et n’entendait pas les manifestations des citoyens.
La vraie violence est d’utiliser le droit et son bras armé contre des citoyens qui contestent, arguments à l’appui, ce projet qu’ils estiment déraisonnable et injuste. Comme on ne veut pas les entendre, ils font ce que permet notre constitution et nos lois : ils prennent les armes de la contestation pacifique. Que faire d'autre?
DE QUEL COTE EST LE DROIT ? QUI EST DANS LA LEGALITE ?
Qu’on ne s’y trompe pas. L’envoi de « troupes policières » gouvernementales pour déloger les manifestants et les occupants et empêcher l’installation de « bases arrières » n’est pas à l’honneur d’un gouvernement qui se dit fervent partisan du dialogue. On est encore là loin du discours aux actes.
Devant l’ampleur de la résistance, le gouvernement a dû reculer dans ses actions de déstabilisation des citoyens contestataires en annonçant enfin une commission de dialogue, le report de 6 mois du défrichement et la mise en place d’une instance scientifique.
C’est tout simplement aussi parce qu’il ne peut aller plus loin en invoquant le « respect de la loi ».
La question qui est posée est en effet celle de la légalité et de la pertinence du projet.
Si ce dernier date de 1963 et qu’il n’avait guère eu d’opposition, il y a eu,depuis, de l’eau qui a coulé sous le « Pont de Nantes ». Nous sommes en 2012 et pas moins de 8 recours sont encore entre les mains de la justice. Un jugement vient d’être rendu qui a estimé que les prix des expropriations ont été sous-estimés. Ce qui veut dire qu’il y a des intérêts financiers en jeu.Tout est donc loin d’être clair et empreint de justice. En toute logique, il n’y aurait donc pas dû y avoir d’interventions au nom du droit pour déloger des occupants. Il eut fallu en profiter, en attendant les conclusions de la justice, pour installer la concertation avec les citoyens.
UN PROJET QUI N’EST PLUS D’ACTUALITE ET MERITE UN NOUVEAU DEBAT
Ce n’est pas parce que le projet de 1963 a été ficelé qu’il correspond aux besoins futurs de la région.
Les opposants aux projets ne sont pas des politiciens et ne sont pas menés par quelques « politiques » qui viennent sporadiquement participer à quelques manifestations. Ils ont une réflexion plus profonde qui mérite d’être prise en compte pour reconsidérer l’ensemble du projet. Ce sont d’abord les habitants actuels qui n’adhérent pas au projet et il faut en tenir compte. La nécessité est impérative de rouvrir le débat avec les citoyens de la zone qu’on veut défricher et ceux de la région.
De plus, il y a une prise de conscience de la gravité de la crise écologique majeure dans laquelle nous sommes. En 1963, on n’en avait pas conscience. Ce projet a été conçu hors crise énergétique et hors crise climatique, hors crise alimentaire, hors crise financière, hors développement d’autres moyens de transport internes que l’avion. Toutes ces crises sont maintenant présentes. Le gouvernement et les élus régionaux devraient en tenir compte et mettre en adéquation leurs discours écologiques et leurs actes.
Dans ce contexte,il est clair qu' il convient de revoir la viabilité du projet en fonction de la préservation de la biodiversité, du travail de la terre, du climat… L'équipement serait construit au cœur d'une « zone humide classée d'intérêt écologique, faunistique et floristique ». Ça pose question.
Ne peut-on pas remanier l’aéroport actuel pour répondre aux besoins futurs s’ils sont nécessaires ? Le coût gigantesque d’un nouvel aéroport (on annonce plus de 600 millions d’euros sans compter le reste des infrastructures) n’est sans doute plus d’actualité dans un contexte où on doit réfléchir en France à une économie sociale redéfinie écologiquement. Ne doit-on pas aussi investir, en France, pour des emplois durables et de proximité ?
HALTE DONC A L’HYPOCRISIE !
Il faut limiter les destructions de la nature d’autant que, dans le cas présent , on peut faire autrement si on y réfléchit bien, tout en réorientant la politique régionale d’aménagement qui doit être débattue avec ses habitants. On ne doit pas rester sur des concepts vieux de plus de 40 années !
Le projet de l’aéroport de Notre Dame des Landes peut être l’occasion de la concertation sur le développement moderne adapté et d’avenir d’une région et faire que cesse l’hypocrisie du discours écologique du gouvernement alors que les actes sont inverses.
En tout cas, c’est devenu le moyen du déclenchement d’une prise de conscience nationale de ce vers quoi nous devons tendre : commencer à préserver notre patrimoine naturel pour les générations futures. C’est le côté positif des choses.
Il en est plus que temps : le changement c’est maintenant !
A tire-d’aile* …
* Battement vigoureux des ailes d’un oiseau lorsqu’il vole rapidement.
« La décision de l’aide alimentaire européenne reportée …en janvier 2013Tri info d'une semaine pluvieuse »