• A PROPOS DE LA LAÏCITÉ - 2 sur 4

    J’affirmai dans mon écrit précédent que les exemples sont en effet nombreux de des grignotages de la loi de 1905. Ce sont ces grignotages qui, au cours des temps, ont fait que les lobbies religieux ont pu mettre des « coins » pour déranger l’application de la laïcité. 

    Je ne donnerai que quelques exemples  pas si  lointain pour illustrer cette fluctuation des politiques et parmi eux les présidents de la République qui ont eu des attitudes pour le moins équivoques vis-à-vis de la laïcité ou ont laissé faire leurs proches.  Ce me sera aisé puisque, sur ce blog, je l’ai déjà inventorié mais il est bon d’y revenir.

    Cela ne veut pas dire que ce sont les seuls facteurs qui font que, de plus en plus, la laïcité est mise à mal et que le communautarisme s’installe. Il y a une recrudescence de l’utilisation par les  extrémistes  religieux , en coulisse, du moindre évènement monté en épingle par des politiques et les médias comme l’affaire du Burkini ou tout récemment celle du « Foulard ou voile »de la maman au conseil régional de Bourgogne Franche Comté . Cette montée   est réelle et favorise le communautarisme. C’est pourquoi il est indispensable que cesse et l’irresponsabilité de certains politiques par leurs déclarations destinés à faire du Buzz et les coups de canifs à la laïcité de certains gouvernants  pour attirer à eux un électorat qui a des convictions religieuses. 

    GRIGNOTAGE DE LA LOI DE 1905 et LA LAÏCITE  - 5/6

    Pour qu’il y ait cohésion sociale, il faut mettre en œuvre des mesures dans le cadre strict de la république et de la laïcité qu’il faut défendre et faire respecter au lieu de croire que ce sont les compromissions avec les religions ou les religieux qui vont permettre d’avancer.

    Quelques exemples passés  mais récents des  faiblesses politiciennes sur les trois derniers mandats se doivent d’être donnés car ils montrent dans ce domaine de la laïcité une continuité des « actes » de son affaiblissement . 

    A chaque président  ses contournements de la loi de 1905…

    Je commence par François Hollande qui a continué les contournements y compris dans les traces de ses prédécesseurs et notamment Nicolas Sarkozy.

    FRANÇOIS HOLLANDE

    Président élu sous l’étiquette  « socialiste » (2012-2017).

    Dans un article publié,ici même, le15 Mars 2015, j’estimais que LE PS TRAHISSAIT L’ÉCOLE PUBLIQUE ET LA LAÏCITÉ. Les rédacteurs du groupe de travail " cohésion sociale" du parti socialiste  préconisaient, en fin de rapport, publié le 15 janvier 2015, à propos de l'organisation de la place de l'Islam en France un certain nombre de mesures. Parmi ces mesures, je cite : "Il faut développer les établissements scolaires privés sous contrat".

    Dans un communiqué de presse du 26 février 2015, émanant de Laurent Dutheil, secrétaire national à la Laïcité et aux institutions du Parti Socialiste de cette époque on peut lire : «  Le Parti socialiste apporte son soutien total aux annonces faites par Bernard Cazeneuve au Conseil des ministres du 25 février 2015, relatives à la promotion du dialogue avec l’islam en France et approuve pleinement ses propositions pour l’exercice de la liberté de religion dans le respect des règles de la République. Le Parti socialiste se félicite de la convergence d’analyses avec le gouvernement dans ce domaine et se réjouit que les mesures que ce dernier a dévoilé, reprennent largement celles du rapport sur la « Cohésion républicaine », que le Parti socialiste a présenté le 1er février : ... et de citer «  Le développement de l’enseignement privé confessionnel musulman.. »

    (On trouvera ici l’intégralité du communiqué : 

    http://www.egale.eu/uploads/fichiers_PDF/fev%202015%20commPS_Dutheil.pdf )

    J’ai considéré que le parti socialiste trahissait les principes fondamentaux de la république laïque que Laurent Dutheil a eu l’impudence de citer pour justifier ses déclarations au nom d’  « une laïcité d’inclusion à même de consolider l’expression d’un islam fidèle aux valeurs de la République. »

    VA-T- ON CONTINUER  DE TRAHIR LES CITOYENS ET LA LAÏCITÉ ?

    ( image créée par P. Patte à partir de l'image symbole de la république française créée par TaniaPS , CC BY-SA 3.0)

    Lors du conseil des ministres du 25 février 2015, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve  reprend en effet les propositions du texte de la commission du parti socialiste sur les écoles privées : «Le gouvernement veillera à ce que l'enseignement privé confessionnel musulman puisse se développer dans le respect des principes républicains. Des instructions seront adressées aux préfets et aux recteurs afin qu'ils fassent pleinement usage de leurs prérogatives de contrôle». Tout ceci sans aucune réaction de la ministre de l’éducation nationale Najat Vallot Belkacem.

    L’enseignement scolaire privé a donc été promu officiellement comme une alternative à l’école publique. Le financement public de 9 milliards d’euros annuels a   été augmenté pour les établissements scolaires privés et notamment confessionnels (à 90% confessionnel catholique actuellement) pour développer l’enseignement confessionnel musulman.

    De l’électoralisme en direction des citoyens de religion musulmane était bien en préparation des échéances présidentielles.  

    Développer et privilégier des revendications particulières des communautés religieuses au détriment de l’intérêt général c’est considérer les individus en fonction de leur appartenance religieuse et non plus en tant que citoyens, ce qui signe la fin de la « cohésion républicaine » et laisse la porte ouverte au communautarisme.  

    Un autre exemple flagrant d’une intervention de lobby religieux écouté et preuve d’une prise en compte par le gouvernement de François Hollande du réseau de l’enseignement privée, c’est celui concernant les rythmes scolaires. Au moment de la mise en place du décret Peillon en 2013, on entend cette déclaration d’Eric de Labarre, secrétaire général de « l'enseignement catholique » : "Nous sommes à la recherche d'un accord avec le ministère,.... Nous souhaitons qu'il exprime officiellement sa volonté que le privé entre dans la réforme, sous la forme d'un protocole ou d'une déclaration commune." ( Le Monde de l’Education du 26 février 2013) . En effet selon un statut à part lié à la loi de 1959, qui définit leur "caractère propre", les directeurs des écoles privées sont libres de l'organisation du temps scolaire dans leurs établissements.

    C’est donc bien une intervention directe d’un réseau de l’enseignement catholique qui n’a pas, selon la loi, à se faire reconnaître comme entité représentative pour négocier au nom des écoles catholiques. Un nouveau détournement ou une pression auquel Vincent Peillon et le gouvernement ont cédé.

    Et depuis, des écoles privées reçoivent de l'argent de l’État pour la réforme des rythmes scolaires: il leur suffit d’organiser la semaine scolaire sur neuf demi-journées d’enseignement. Est- bien ce légal ? Jusque là le financement des activités post et périscolaires des écoles privées étaient interdites.

    Cela va dans la droite ligne de ce qui a été fait, de manière insidieuse, par Vincent Peillon pour la mise en œuvre des rythmes scolaires. Les écoles privées sous contrat n’ont eu aucune obligation d’appliquer la réforme et pouvaient rester à 4 jours de classe. On voit donc bien que nos gouvernants n’ont pas voulu faire appliquer la soi disant réforme aux écoles privées pourtant sous contrat avec l'état et subventionnées. Aucune justification sérieuse n'a été donnée par le ministre concerné. Et pour cause: cela laissait aux parents qui voulaient conserver l’inepte   rythme de la semaine de 4 jours de Xavier Darcos (ministre sous Nicolas Sarkozy), la possibilité d’inscrire leurs enfants dans le privé ce qui a été fait à la rentrée 2014 et s'est organisé déjà pour les rentrées suivantes et notamment en  2015 avec des inscriptions sans précédent pour l'école privée. Les écoles privées en ont fait un des arguments majeurs de leur recrutement.

     Merci aux trois ministres "laïques" de l'éducation nationale !

    GRIGNOTAGE DE LA LOI 1905 : LE PS TRAHIT L'ECOLE PUBLIQUE ET LA LAICITE.

    (Création Patrick Patte 14/03/2015, à partir image carte France vierge auteur pixeltoo, domaine public)

    Un autre exemple : le 1er octobre 2013, lors de son point de presse, le secrétaire général de « l’enseignement catholique », cité plus haut, aborde la question de la Charte de la laïcité : « Le document  ministériel  ne s’applique  pas aux établissements  privés  associés  à l’Etat  par contrat, et cela me paraît tout à fait logique. »«La laïcité républicaine, nous y adhérons pleinement. En revanche, la laïcité des établissements, nous ne pouvons y souscrire».

    Et le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon prend en compte l’avis des ecclésiastiques et cède de nouveau en n’obligeant pas à l’affichage de la charte.

    Y aurait-il donc une laïcité différente selon qu'on soit élève de l'enseignement public ou de l'enseignement privé sous contrat avec l’État?

    L’influence de ce réseau s’est fait de plus en plus importante et ce qui est grave c’est que les gouvernements de François Hollande y ont succombé sans résistance aucune. Tout cela dans la continuité de ce qui a été installé sous Nicolas Sarkozy.  « L’enseignement catholique » se transforme un peu à la fois au fil des années  en structure de plus en plus ecclésiastique. Fin 2008, il devient en effet  « un service national de la conférence des évêques de France » au lieu d’être sous tutelle d’une commission informelle de l’épiscopat encadrée par un évêque et se transforme en une entité au service direct de l’Église catholique. J’y reviens avec la présidence d'Emmanuel MACRON.

     

    LES GRIGNOTAGES DE LA LOI DE 1905 - 4/6 -(Frontispice et titlepage de "Tartuffe ou l'Imposteur" à partir d'un 1739 recueil de ses œuvres en français et en anglais, imprimé par John Watts. Domaine public)

     

    LES GRIGNOTAGES DE LA LOI DE 1905 - 4/6 -

     

     

     

     

     

     

     

    PEUT ETRE DISPENSEE D'AFFICHAGE SUR

    LES SAINTS MURS 

    DES ÉCOLES CATHOLIQUES

    SOUS CONTRAT AVEC L'ETAT

    Signé: 

         Vincent PEILLON, Ministre de l'Education Nationale

    Lu et approuvé: 

                                l'Eglise catholique       

                                       AMEN

     

    EN CONCLUSION POUR CETTE PRÉSIDENCE

    Je redis ce que j’ai énoncé en 2015 : « Doit-on continuer de favoriser à ce que les communautés puissent se séparer de l’école de la république pour organiser leurs propres écoles ? Où est l’intérêt alors qu’il est clamé par nos gouvernants le « vivre ensemble » des citoyens et la défense de la laïcité pour ce faire?"

    Aider à développer des écoles qui mettent des jeunes à part de l'école de tous les jeunes, c'est-à-dire de l'enseignement public laïc, me semble être une trahison regrettable et dommageable pour la cohésion nationale. Aider au développement d'institutions scolaires communautaires n’est-ce pas aider à la séparation des citoyens qui vont se replier dans des structures identitaires refermées sur elles-mêmes ?

    Cela existe déjà même si certaines écoles sous contrat disent appliquer la loi sur l’accueil des élèves quelles que soient leurs croyances. On peut aisément montrer dans les faits que pour certaines écoles confessionnelles c’est difficilement applicable...

    De l’électoralisme en direction des citoyens de religion musulmane était bien en préparation des prochaines échéances présidentielles.

    Développer et privilégier des revendications particulières des communautés religieuses au détriment de l’intérêt général c’est considérer les individus en fonction de leur appartenance religieuse et non plus en tant que citoyens, ce qui signe la fin de la « cohésion républicaine » et laisse la porte ouverte au communautarisme.  

    Pourtant, alors qu’il était candidat à la présidence, François  Hollande proclamait lors de son discours du Bourget du 22 janvier 2012 :  

     « Présider la République, c’est se dévouer à l’intérêt général, dont toute décision doit procéder. (...)

    Présider la République, c’est préserver l’État, sa neutralité, son intégrité, face aux puissances d’argent, face aux clientèles, face au communautarisme. Présider la République, c’est être viscéralement attaché à la laïcité, car c’est une valeur qui libère et qui protège. Et c’est pourquoi j’inscrirai la loi de 1905, celle qui sépare les Églises de l’État, dans la Constitution. "...

     Comme pour d’autres actes de son quinquennat on a vu comment il a trahi sa parole et ses électeurs.

     Au suivant...

    Prochain président :  le prédécesseur de François Hollande, Nicolas Sarkozy, ceci pour bien montrer la continuité des contournements.

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