• 4 JUILLET 2017: EDOUARD PHILIPPE A L’ASSEMBLÉE NATIONALE - 4 sur 4

    Pour en terminer avec la déclaration de politique générale du premier ministre, Edouard Philippe, je fais un tour rapide des mesures annoncées dont il faudra surveiller de près la mise en application et les incidences qu’elles auront sur la vie des français dans les mois qui vont suivre.

    LE CHANTIER BUDGÉTAIRE

    Il me semble inutile de reprendre les points du chantier budgétaire qui est à venir qu’on peut résumer à faire 60 à 80 milliards d’économie sur les budgets de fonctionnement des services publics pour soi-disant redonner du pouvoir d’achat « aux ménages » avec des artifices fiscaux qui ne sont que des bricolages sans aborder le fond d’une véritable réforme plus juste pour tous les contribuables notamment les moins aisés qui ne récoltent que des miettes.

    4 JUILLET 2017: EDOUARD PHILIPPE A L’ASSEMBLÉE NATIONALE - 4 sur 4

    (auteur geralt, CC0 domaine public)

    L’assistanat des entreprises va continuer de plus belle à la mode CICE sans aucune certitude de résultats et sans contrôle de l’utilisation de la manne qui sera servie pour créer de l’emploi.

    La réforme du code du travail qui sera opérée par ordonnances est déjà écrite et même si la concertation est organisée, celle –ci semble plus une attitude de façade qu’une véritable volonté de négocier avec les partenaires sociaux. Si cette réforme est adoptée elle renforcera le pouvoir de l’entreprise au détriment des salariés qui seront moins protégés. La flexibilité des salariés sera renforcée sans plus de sécurité. Pour les entreprises, par contre, la sécurité devient la règle.

    Quand, de plus, je constate que le Président Macron cède aux lobbies bancaires en ne soutenant pas le projet de taxe sur les transactions financières porté par dix pays européens alors que cela pourrait dégager des crédits... j’ai des doutes sur la volonté du président de rechercher ailleurs que dans la mise en place de l’austérité pour nos services publics les moyens de trouver des financements auprès de ceux qui détiennent les capitaux. Peut-être est-ce aussi pour ne pas fâcher les banques de Londres et les traders qu’il veut attirer à Paris et pour qu’ils n’aillent pas en Allemagne ?

    Sur tout cela je reviendrai au moment voulu.

    LE FLOU DES CONTENUS ET DES IMPRÉCISIONS DANS LES CALENDRIERS

    En ce qui concerne l’ÉDUCATION, on a déjà eu un large aperçu de la « compétence » du nouveau ministre Blanquer qui agit dans la hâte pour mettre en place à la rentrée le retour de l’inepte semaine de 4 jours, les CP à douze élèves sans aucune étude ou concertation mais avec le seul soucis de « faire vite » pour faire croire que ça change. Ce n’est pas l’annonce des stages de CM2 d’une semaine qui changeront quoi que ce soit pour rattraper les retards scolaires d’autant que cette mesure existe déjà... Je doute d’ailleurs de son efficacité. On se préoccupera aussi du lycée et il est annoncé une réforme du baccalauréat pour 2021.

    Rien pour les RASED, les aides pour la prise en charge des enfants ayant un handicap...

    Réformer pour réformer tel semble être le fil conducteur tant les axes énoncés sont flous.

    Le nouveau gadget de l’été du ministre : la rentrée en musique dans les écoles, collèges et lycées...

    «Nos grandes universités doivent continuer à gagner en autonomie» et mieux «travailler en réseau». Il est rappelé que «40 000 étudiants supplémentaires» devront être accueillis chaque année. Le premier ministre s’indigne, dénonce les anomalies de notre système éducatif, constate que des bacheliers ne trouvent pas de place dans les universités, dit que l’ « ambition est forte » mais pour la précision des mesures et le calendrier, on repassera...

    Par contre l'annonce d'une annulation de crédits pour la mission recherche et enseignement supérieur de 331 millions d'euros pour l'année 2017, est, elle, bien précise...

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    (auteur Myriams-Fotos, CC0 domaine public)

    Dans le domaine de la SANTÉ, des annonces :

    Le paquet de cigarettes à 10 euros.

    Rendre obligatoire 8 vaccins supplémentaires pour les enfants jusque-là seulement "recommandés" contre 3 actuellement (contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite La mesure sera en vigueur en 2018. 

    "Tous les Français auront accès à des offres sans aucun reste à charge pour les lunettes, les soins dentaires et les aides auditives". L’entrée en vigueur de tout cela se fera d'ici à la fin du quinquennat.

    La revalorisation de l'allocation adulte handicapé et du minimum vieillesse sont de bonnes annonces...encore faut-il connaître le niveau de l’augmentation. Mais c’est un peu court pour les problèmes qui sont à aborder sur ces deux sujets de haute priorité sociale.

    Pour ce qui est de l’amélioration de la prise en charge des patients dans les hôpitaux, le personnel, les déserts médicaux.... rien.

    Mais c’est un discours de politique générale... Très général alors...

    Un nouveau SERVICE NATIONAL devrait voir le jour. Aucune date n'est annoncée pour cette coûteuse mesure « gadget » du programme d’Emmanuel Macron qui, a mon sens, n’est d’aucune utilité. Emmanuel Macron ne sait sans doute pas ce qu’est le service militaire. Il en a une vue théorique qui est sans rapport avec la réalité. Moi je l’ai fait. On peut en parler...

    4 JUILLET 2017: EDOUARD PHILIPPE A L’ASSEMBLÉE NATIONALE - 4 sur 4

    (auteur geralt, CC0 domaine public)

    ENVIRONNEMENT : à part le carburant pour faire converger les taxes de l’essence et le diesel vers la fin du quinquennat, aucune confirmation ou infirmation quant à d’autres mesures touchant à l’environnement. Il faut dire que le programme d’Emmanuel Macron est d’une pauvreté « crasse » sur le sujet. Le fait d’avoir nommé Nicolas HULOT comme ministre chargé de cet environnement ne fait pas contre - poids au manque d’ambition du programme d’autant que l’on a pu voir les difficultés et le recul sur des sujets comme les perturbateurs endocriniens face aux lobbies des producteurs de pesticides et de l’agriculture industrielle. Pour le reste ce sont des généralités quant à l’avenir des agriculteurs qui "doivent pouvoir vivre de leur travail"... Suffit pas de le dire.

     SÉCURITÉ ET TERRORISME

    Dans le même temps qu'il est confirmé l' augmentation des crédits de la défense pour atteindre 2% du PIB en 2025, il est annoncé une coupe de 850 millions d’euros dans le budget 2017. Ça n' a pas l'air de plaire aux militaires...qui ont réagi par la voix de leur Chef d'État Major qui s'est fait recadrer par le Président... le "Chef" des armées.

    «Nous lutterons contre le terrorisme avec la plus extrême dureté, sans renier ce que nous sommes : un État de droit et la République française». La loi en cours de rédaction pour remplacer l’état d’urgence permanent ira-t-elle dans ce sens ? Une «véritable police de proximité» devrait être créée. A suivre donc.

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    (auteur Alexas_Fotos, CC0 domaine public)

    IMMIGRATION

    Le Premier ministre affirme que la France est «incapable de remplir ses obligations juridiques ou morales» face au «défi migratoire». C'est vrai. Il y a volonté appréciable de faire passer de 14 à 6 mois le délai d'étude des dossiers des demandeurs d'asile. Pour le reste, face aux propos du premier ministre pour une « une exigence de dignité pour que la France honore sa tradition d'accueil des réfugiés, » je note que les demandes d’un accueil digne des migrants à CALAIS, GRANDE-SYNTHE et STEENVOORDE n’ont reçu de la part de Gérard Collomb ou du Président de la République interpellés aucune réponse si ce n’est la continuation d’une politique de la « traque » des femmes, des enfants et des hommes qui sont même dépouillés de leurs rares biens pour se protéger des intempéries ce dont témoignent nombre d’ONG elles mêmes mis en difficulté par les forces de police...
    Du discours aux actes il y a un gouffre...

    LAÏCITÉ ET CULTURE

    Le plaidoyer pour la culture comme arme contre l'intégrisme et le repli sur soi est louable de la part du chef du gouvernement. Mais ce n’est pas le gadget du « pass culture » qui résoudra les problèmes de lecture ni la distribution des fables de la Fontaine par le ministre Blanquer aux élèves de CM2. Si la lecture est vitale, encore faut-il mettre les véritables moyens partout à l’école comme à l’extérieur pour la faire aimer et pratiquer. Le défi n’est pas d’aujourd’hui. Tous les enseignants par exemple le connaissent...

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    Quant à LA LAÏCITE, ... rien de neuf sous le soleil par rapport aux anomalies qui sévissent et ont été installées par les politiques de tous bords... qui n’ont eu de cesse que de l’utiliser au profit de leurs intérêts électoraux ou pour favoriser leurs « chapelles ». Il est à craindre qu’on continue avec la laïcité « à la carte » que l’on qualifie au gré des évènements. J’y reviendrai.

    La RÉFORME DE LA JUSTICE sera menée en 2018. «Dans un Etat de droit, rien n'est possible sans une justice forte», a dit Edouard Philippe. J’attends donc de voir le plan quinquennal annoncé. Il y a du boulot notamment pour multiplier les moyens fianciers et humains. Pas sûr que l'austérité annoncée aide beaucoup à la réalisation.  La promesse de créer 15 000 places supplémentaires de prison serait tenue.

    Pour ce qui concerne les AIDES AU LOGEMENTS qui risquent bien de voir des coups de rabots, la FORMATION PROFESSIONNELLE, L’EFFICACITÉ DES MINISTÈRES, c’est aussi assez flou. On peut toujours rechercher les précisions... mais il est vrai que vu les économies à faire il semble que l’on aille à grands pas vers peu d'améliorations.

    POUR CONCLURE...

    4 JUILLET 2017: EDOUARD PHILIPPE A L’ASSEMBLÉE NATIONALE - 4 sur 4J’ai donc examiné cette déclaration de politique générale qui se devait d’être dans la droite ligne du discours du Président MACRON devant le CONGRÉS  en nous donnant quelques indications concrètes de la mise en œuvre du programme présidentiel.
    Il y eut, c’est vrai, un peu plus de concret dans les annonces faites mais aussi bien des flous tant sur le contenu des mesures que sur nombre de calendriers modifiés pour certains par le « Chef ». Je reste donc sur ma faim mais j’ai déjà matière à évaluer ce qui sera fait dans certains domaines. Pour le reste on attendra le Macron...pardon le maçon au pied du mur.

    Si je regarde la soi-disant révolution économique énoncée et qui n’en est pas une vu les veilles recettes appliquées pour faire des économies et les faibles investissements qui sont projetés, j’ai le sentiment que nous allons vers un quinquennat de la baisse des services à la population. Annoncer des économies de 60 milliards alors qu’il en faudrait (selon les Echos) 80 est déjà un mauvais signe car cela veut dire que le gouvernement va devoir encore plus serrer les boulons pour essayer de parvenir aux objectifs qu’il s’est fixés.

    L’austérité a été annoncé avec la complicité de la Cour des comptes qui a préparé le terrain mais Emmanuel Macron s’est vite rendu compte que la ficelle était trop grosse et dès après le discours de son premier ministre devant l’Assemblée, le président a très vite rectifié le tir notamment quand il s’est agi de mettre en route la suppression de la taxe d’habitation, mesure phare de son programme social économique et la réforme de l’ISF que le premier ministre avait reculé à 2019.

    Contrairement  donc à ce qu’affirmait Emmanuel Macron, ce n’est pas le Premier Ministre qui gouverne mais bien lui –même, le Président.

    Tout cela confirme aussi ce que j’écrivais en examinant le programme du candidat Emmanuel MACRON avant le premier tour des présidentielles quant à son programme économique :

    « Un manque d’audace et d’ambition dans l‘investissement qui ne peut être à même de relancer sérieusement la création d’emplois par une politique économique basée sur des incertitudes de relance de la compétitivité par des mesures qui n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. »

    Le projet économique d’Emmanuel Macron ne me semble ni moderniser l’économie ni révolutionner celle-ci. L’ambition d’investissement est insuffisante.

    C’est aussi pour une grande part la continuité d’une politique de l’offre entamée par François Hollande qui est un échec.

    Il y a un manque de recherche de financement autre que des économies sur les services publics. »

    En transformant le crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) en allègement pérenne de cotisations pour les entreprises et la suppression de toute charge patronale au niveau du SMIC, en supprimant les cotisations sociales pour compenser la hausse de la CSG pour faire croire qu’on va augmenter le pouvoir d’achat des familles on continue de détruire peu à peu ce qui faisait le socle des rentrées fiscales qui sert à la solidarité nationale et on aggrave l’injustice quant aux revenus notamment ceux des retraités sans compensation et sans aucune mesure en direction des plus pauvres.

    Sur tout cela je reviendrai... 

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