• 4 JUILLET 2017: EDOUARD PHILIPPE A L’ASSEMBLÉE NATIONALE - 3 sur 4

    Pour continuer cet inventaire des principales cibles de la déclaration de politique générale du gouvernement Edouard PHILIPPE qui essaie d’appliquer le programme d’Emmanuel Macron, je terminerai par les cibles 3 et 4 que sont respectivement les fonctionnaires et les services publics et une catégorie qui a déjà bien des difficultés qui est celle des étudiants...enfin pour ceux qui ne sont pas notamment issus des 3000 familles aisés à qui Emmanuel Macron va faire un cadeau de près de 3 milliards d’euros par une baisse de l’ISF (Impôt sur la fortune) sur l’épargne investie en actions et obligations au prétexte de relancer l’investissement par actionnariat.

    4 JUILLET 2017: EDOUARD PHILIPPE A L’ASSEMBLÉE NATIONALE - 3 sur 4

    (auteur Charly_7777, CC0 domaine public)

    CIBLE 3 : LES FONCTIONNAIRES ET LES SERVICES PUBLICS

    Comme je le disais dans les articles précédents, les services publics et les fonctionnaires sont dans le collimateur du gouvernement qui a une vision purement comptable des services publics comme la Cour des comptes* qui a encore frappé...au bon moment pour faciliter l’introduction des mesures d’austérité.

    Cela devient une habitude. Je le disais déjà, en février 2013. 

    « Je ne mets pas en doute le sérieux des analyses faites par cette vénérable  institution et ses fonctionnaires pour contrôler la régularité des comptes publics de l’Etat, établissements publics divers et variés, entreprises publiques, sécurité sociale…   Elle a fait par exemple un excellent travail sur le coût d’un certain nombre de commissions « satellites » de l’Etat  dont on se demande pour certaines pourquoi elles existent et pourquoi elles sont financées. » Faudrait peut-être d’ailleurs que l’actuel gouvernement s’y penche.

    Mais il semble ici que le précédent ministre des finances et le secrétaire d’État au Budget de la législature précédente conteste la « dramatisation » orchestrée sur la base selon eux de chiffres de déficit qui ne sont à ce stade "que des prévisions".

    La Cour des comptes devrait s’en tenir à son rôle qui est celui de s'assurer du bon respect des règles, de détecter les gaspillages ... mais qu’elle arrête de faire des préconisations de changement de politiques à mettre en place comme elle l’a fait à plusieurs reprises quant aux indemnités de chômage ou les allocations familiales car ce n’est pas de son rôle. Ce n’est pas à elle non plus de se mettre au service du gouvernement nouvellement nommé pour l’aider à faire croire aux français qu’il faut installer l’austérité... . La ficelle est un peu grosse et la confiance que l’on pourrait avoir en cette institution pourrait en prendre un coup si elle continuait de jouer ce petit jeu opportuniste.

    Il est donc annoncé le gel des salaires des fonctionnaires, la remise en vigueur du jour de carence pour maladie ou encore la confirmation du projet de supprimer 120 000 postes d’agents.

    Le rabotage va commencer en 2017 puisqu’il faut trouver 4,5 milliards d’euros pour respecter un déficit public sous la barre des 3% du PIB (Produit Intérieur Brut) ... imposé par Bruxelles.

    Le ministre des comptes publics a attesté que cela ne toucherait pas aux effectifs de la fonction publique que ce soit d’État ou des collectivités locales.

    C’est en 2018 que commencera véritablement le travail sérieux de coupage dans les crédits de la fonction publique.

    Pour l’instant c’est le flou. On ne sait quels budgets seront touchés mais il est annoncé pour le quinquennat 60 milliards d’économies.

    En réalité pour appliquer la programme d’Emmanuel Macron c’est 80 milliards d’économie qu’il faudra faire ce qui veut dire que tour de vis sera plus sévère encore.

     

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    (Image modifiée, auteurClker-Free-Vector-Images, CC0 domaine public)

    Le gel des salaires des fonctionnaires est déjà acté. Une partie des économies se fera donc à ce niveau.

    Une vraie injustice puisqu’une fois de plus le pouvoir d’achat des fonctionnaires gelé pendant années depuis 2010 avait à peine pu se remettre en route en 2015 et 2016 avec des augmentations (0,6% en 07/2016 et 06% en 01/2017)  qui n’ont pas, loin de là, rattrapé la perte du pouvoir d’achat.

    Pour ce qui concerne la journée de carence c'est pour récupérer 170 millions d’euros plus que pour faire chuter l’absentéisme. Il faut quand même rappeler que cet absentéisme est bas et surtout pas plus important que dans le privé où les jours de carence sont compensés, dans un grand nombre de cas (70%) par les entreprises...
    Et pourquoi toujours aller vers le bas pour diminuer les acquis qui ne sont pas scandaleux à savoir laisser à celle ou celui qui est malade son revenu? Il sera toujours prétexté que certains exagèrent... C'est une minorité. J'ai vu, quand je travaillais des collègues prendre un jour de maladie alors qu'ils auraient pu en prendre plus vu leur état... Mais peut-être veut-on créer cet esprit qu'après tout, pourquoi se limiter...: "J'ai besoin de plus qu'un jour d'arrêt...Je vais en prendre sept vu la considération que l'administration a pour moi en installant  un jour de carence en voulant insinuer que nous sommes des tricheurs profitant du système..."

    Est-ce à dire que le travail des fonctionnaires est une fois de plus une des variables d’ajustement alors que les français, toujours prompt à jalouser voir insulter ceux qui font fonctionner les services publics, sont les premiers à râler quand ils doivent attendre aux urgences des hôpitaux, quand les professeurs ne sont pas remplacés ou quand ils doivent attendre au téléphone pour avoir un interlocuteur à la CARSAT ou attendre des semaines pour avoir une réponse pour leur dossier retraite ? De la même manière, à Pôle emploi, quand on voit le nombre de dossiers que doit suivre et traiter un conseiller qui ne peut guère accorder le temps nécessaire pour prendre réellement en compte les problèmes du chômeur qu’il a devant lui, il y a de quoi se poser des questions.

     

    4 JUILLET 2017: EDOUARD PHILIPPE A L’ASSEMBLÉE NATIONALE - 3 sur 4

    (auteur OpenClipart-Vectors, CC0 domaine public)

    Comme contribuable payant d’ailleurs toujours de plus en plus d’impôts ou de taxes tant au niveau local que national on nous annonce régulièrement une baisse de prise ne charge des services publics. Pendant ce temps, l’état va se désengager mais les services il faudra bien les rendre et pour cela on va essayer de les laisser au privé comme par exemple les radars mobiles... On l'a vu pour les autoroutes qui ont été bradées à des sociétés qui font des profits dénoncés en 2014 par l'Autorité de la Concurrence qui évaluait  le bénéfice net des sociétés d'autoroutes à 24% de leur chiffre d'affaires. D'après l'Autorité, cette "rentabilité" n'apparaît justifiée ni par leurs coûts ni par les risques auxquels elles sont exposées". Malgré les menaces de rétorsion lancées par Ségolène Royal, ministre de l'Environnement sous François Hollande, un accord révélé par le "Canard enchaîné" et conclu par Bercy, lorsque Emmanuel Macron était ministre de l'Économie, offre plusieurs milliards d'euros aux sociétés d'autoroutes... J'y reviendrai dans le détail au moment opportun.

    Aucune révolution donc dans la pratique politique d’Emmanuel Macron pour trouver des financements si ce n’est l’habituelle chasse aux fonctionnaires et la diminution des crédits affectés aux services publics, politique qui est pratiqué depuis 40 ans au moins.

    Durant ce temps, Bruno Le Maire, ministre de l'économie, fait des offres promotionnelles d’installation en France aux banquiers new-yorkais de Londres échaudés par le Brexit et en recherche d’une ville de repli.  Ainsi, comme le dit Edouard Philippe dans son discours de politique générale des mesures « prouveront que nous sommes capables de tenir compte de cette situation ( la taxation des revenus élevés) pour faire venir des salariés en France ». Cela veut dire la fin en vue de la taxe sur les hauts salaires voulue par François Hollande en 2013 et qui taxait jusqu'à 20% les salaires excédant 153.000 euros brut.   Cette taxe devrait disparaître pour convaincre les banquiers de traverser la Manche et s'installer en France . La remise sera également effective pour les traders déjà installés dans l'Hexagone ceci afin de les conserver "au pays". On étudie aussi la scolarisation des enfants des futurs expatriés en France. Bruno Le Maire, en accord avec le ministre de l’Éducation nationale, a pu annoncer « un plan de réalisation d’établissements scolaires ou de classes bilingues susceptibles de (les) accueillir »...

    Il faut donc bien trouver l'argent (estimation 137 millions d'euros) pour faire tous ces cadeaux qui ne sont pas à mon sens des priorités sauf si on veut faire de la croissance à court terme... ce qui n'est qu'une politique économique de gadget.

    Il y a pourtant d’autres multiples solutions pour trouver des financements qui ne soient pas au détriment des services à la population.

    Pas sûr que ça plaise...

    4 JUILLET 2017: EDOUARD PHILIPPE A L’ASSEMBLÉE NATIONALE - 3 sur 4

    (auteur geralt, CC0 domaine public)

    CIBLE 4 : LES ETUDIANTS

    Les étudiants sont des cibles par le biais du logement.

    Ainsi le Gouvernement travaillerait sur l’idée que les étudiants devraient opter entre le rattachement au foyer fiscal de leurs parents et l’octroi des aides.
    Ce n'est pas nouveau: Sarkozy a essayé tout comme Hollande...sans oser aller, heureusement, jusqu'au bout.

    Ce serait une mesure antisociale, particulièrement difficile pour les étudiants issus des classes moyennes et qui s’attaquerait à l’autonomie des jeunes.

    La suppression d'une partie des aides au logement signifierait une double peine pour les 70% d’étudiants exclus du système de bourse qui se verraient désormais privés d'une des  aides à laquelle ils ont droit.

    Ce serait donc confronter les familles à un choix « sans solution » : ou renoncer aux APL pour les enfants étudiants ou renoncer à la demi-part fiscale. Faire cela c’est oublier le fait qu’un étudiant est très rarement totalement indépendant. Je le sais pour avoir eu plusieurs enfants dans ce cas dont deux simultanément. Il faut bien entendu aider au maximum l' enfant pour la nourriture, les transports, pour le loyer qui reste à charge, les livres....

    Qu'on dise que cumuler les deux n’est pas normal est un raisonnement de technocrate qui n’est pas au fait des réalités de la vie. C’est le même raisonnement qui fait qu’il est décidé qu’à partir de 1 200 euros par mois, on est un retraité aisé qui peut voir sa pension diminuer de 1,7% par l’augmentation de la CGS pour financer l’augmentation salariale des actifs y compris les plus nantis.

    Si cette mesure de non cumul voyait le jour, la seule solution pour beaucoup d’étudiants sera de cumuler un emploi l’été et un emploi à temps partiel pendant les cours. C’est déjà le cas de bon nombre.

    Il est clair que travailler et étudier nuit aux études et à la réussite car il faut non seulement jongler sans toujours y réussir avec le chevauchement des heures de travail et de cours mais on arrive aussi à des doubles journées, des problèmes pour réviser voire prendre des congés pour passer les examens.

    Veut-on encore augmenter plus le nombre d’étudiants qui doivent travailler ou rechercher les vraies solutions pour que l’étudiant soit véritablement autonome et puisse faire ses études dans de bonnes conditions ?

    Car il y a une solution plutôt que de faire des bricolages technocratiques comptables pour gagner quelques millions,  il faut mettre en place une vraie allocation d’autonomie qui permette à chaque jeune de se consacrer à ses études à plein temps sans avoir à travailler mais leur permette aussi de s'alimenter correctement, se soigner, se loger décemment et travailler dans des bonnes conditions.

    Oui cela permettrait d'améliorer l’égalité des chances qui actuellement est au plus bas en France pour nombre d' étudiants qui galèrent...

     

    A suivre...

     

    *Les chambres des comptes étaient en France, sous l' Ancien Régime, des juridictions souveraines spécialisées dans les affaires de finances . La Chambre des comptes de Paris, la plus ancienne, est l'ancêtre de l'actuelle Cour des Comptes. (source Wikipédia)

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