VOTE BLANC : UNE AVANCEE POUR LA DEMOCRATIE ?

« Le parlement a adopté » selon la formule du président de séance.

 « Le troisième alinéa de l’article L. 65 du code électoral est complété par trois phrases ainsi rédigées : « Les bulletins blancs sont décomptés séparément et annexés au procès-verbal. Ils n’entrent pas en compte pour la détermination des suffrages exprimés, mais il en est fait spécialement mention dans les résultats des scrutins. Une enveloppe ne contenant aucun bulletin est assimilée à un bulletin blanc. »

 L’application de la loi est fixée au 1er AVRIL 2014 et ne sera donc pas mises en action aux municipales. Ce n’est pas une farce.

(auteur Rama, logiciel libre de droit)

Petite analyse : qui a adopté ? Qu’est ce que cela va changer dans la vie politique et la démocratie ?

QUI A ADOPTE ?

Le résultat du vote : 87 votants, 87  POUR , 0 CONTRE

 87 députés présents ou ayant délégués leur pouvoir sur 577 que compte l’assemblée.

(48 socialistes sur 292,   9 UMP sur 199,  26 UDI sur 30, 1 écologiste sur 17, 2 Radicaux du 16, 1 Gauche démocrate et républicaine sur 15, aucun  non inscrit)

Constats :  

C’est le groupe UDI qui a proposé le texte. Il était bien représenté pour le vote.

Tous les représentants du Peuple des groupes présents ont voté POUR.

L’unanimité ! Si, si...

Enfin c’est beaucoup dire. Le vote de la loi n’a pas attiré les foules puisqu’elle a été adoptée par 87 votants sur 577 soit un peu plus de 15% des députés.

                                                                           (Séance à la chambre: Maurice Barrès et Aristide Briand                                                                       (1921).Source Bibliothèque nationale, Agence Meurisse, Domaine public)

Un sujet qui fâche ou pour lequel on ne veut pas trop se mouiller ?

Remarques :

Le sujet ne mobilise donc pas nos élus nationaux. C’est bien dommage.

Il est vrai que cette modification est mineure puisque le vote blanc sera tout juste comptabilisé à part mais n’entrera pas dans la colonne des votes exprimés .
De ce fait, on saura juste combien d’électeurs ont voté volontairement blanc.  Ce qui peut être une indication intéressante pour peu que l’électeur connaisse la modification de la loi.

Il faudra peut-être en faire une bonne information avant les prochaines échéances.

Cela ne changera rien au résultat final puisque le vote blanc ne sera toujours pas comptabilisé dans les suffrages exprimés. Comme le dit le texte de loi, "il en est fait spécialement mention". C'est donc une simple information. Les électeurs ne pourront donc pas peser sur l'issue du scrutin puisque leurs bulletins ne sont pas décomptés dans les suffrages exprimés.

Si on comptabilisait les votes blancs dans les suffrages exprimés et si les votes blancs étaient majoritaires, aucun chef de l’état ne pourrait être élu puisque conformément à la constitution il doit l’être à la majorité absolu des suffrages exprimés.

Ou alors il faudrait changer les termes de la constitution.

QU’EST CE QUE CELA VA CHANGER DANS LA VIE POLITIQUE ET LA DEMOCRATIE ?

Ce n’est donc pas une reconnaissance mais juste une information qu’on peut qualifier  d’intéressante qui pourra peut-être influer sur la vie politique.

Il est sûr que le pouvoir politique a aussi peur de voir le vote blanc constituer une sorte de contre pouvoir de celles et ceux des électeurs non satisfaits des choix qui leur sont proposés.

Nous saurons quand même quel est le pourcentage de celles et ceux qui ont choisi de ne pas choisir. Voter blanc peut montrer que si on est pas en désaccord avec le système de l’élection, on peut exprimer un message : l’offre politique ne convient pas.

Quelles seront les incidences ?  C’est difficile à dire.

Il faut espérer que ce ne sera pas une facilité pour l'électeur qui n'a pas envie ou de choisir ou qui n’a pas envie de s’informer.  Cela tronquerait le sens de l’information du nombre d’électeurs ayant voté blanc. 

L’abstention diminuera-t-elle ? On le verra aux prochaines échéances européennes et régionales qui sont des élections à fort taux d’abstention. 

Si le pourcentage de vote blanc est important et que les politiques constatent donc que leurs offres ne satisfont pas l’électeur (la personnalité des candidats ou les programmes),  ils finiront, peut-être, par se poser des questions et en tenir compte pour les offres suivantes.

Cela prendra du temps, celle des durées de mandats, pour apporter des changements.

D'ici là, il faudrait peut-être aussi réfléchir à d'autres moyens pour faire aller les électeurs aux urnes.

Du côté de l’électeur, peut être que le pourcentage de vote blanc lui permettra d’en tirer des conclusions pouvant aller jusqu’à faire des offres nouvelles tant au niveau de programmes que d’éventuelles candidatures ne serait-ce qu’au niveau local d’autant qu’entrera aussi en vigueur la loi sur le non cumul des mandats qui bien que limitée apportera peut-être un renouvellement de la classe politique... si d’ici là il n’est pas trouvé le moyen de le contrecarrer comme c’est l’intention par exemple de l’UMP si elle revenait au pouvoir.

Tout cela réfléchi après avoir consulté nombre d’avis exprimés sur la question. Il y a encore sans doute matière à échanges...

A suivre, en tout cas, de près.

(Le pécheur à la ligne, Pierre-Auguste Renoir, source Renoir, peintre du bonheur : 1841-1919, de Gilles Néret, Köln, Taschen, 2001, p. 81., domaine public)