• EDUCATION NATIONALE : LA CASSE A MACRON via BLANQUER- Chapitre deux

    Dans le premier chapitre je faisais brièvement le tour de ce que je pourrais appeler l’action d’un ministre au service d’un dogme : celui d’une École aux principes éculés qui ne refondera rien, régressera et dont on fait un Buzz permanent pour faire croire à une action ministérielle qui n’est en réalité et à mon sens que de "la poudre aux yeux".*

    Mais attention, la poudre ça pique et derrière peuvent se cacher nombre d’intentions peu conformes à ce qu’on pourrait attendre d’une amélioration de notre service public de l’Éducation nationale.

    EDUCATION NATIONALE : LA CASSE A MACRON via BLANQUER- Chapitre deux

    ( Couverture de "La Poudre aux yeux" (René Boylesve, 1909), CC0 domaine public)

    DE LA LIAISON DU PASSÉ AU PRÉSENT

    Je quittai le premier chapitre en faisant référence à nombre de modifications que veut imposer le ministre Jean –Michel Blanquer à notre système éducatif, son fonctionnement, ses méthodes, ses pédagogies et son personnel et que l’on trouve aussi bien dans les actions ou les intentions des précédents quinquennats sous Sarkozy et Chirac ou dans les programmes de Fillon et de Le Pen pour les présidentielles.
    Je ne parle pas de la période Hollande dont les divers ministres de l’éducation (Peillon, Hamon et Belkacem) n’ont eu aucun courage politique pour aller jusqu’au bout de la refondation qu’ils ont annoncée à grand renfort de déclarations mais qui, en cours de route a lamentablement abandonné ses objectifs. Pour être juste il y eut quelques avancées comme la formation restaurée car supprimée sous Sarkozy ou l’augmentation du nombre de professeurs pour rattraper les suppressions de postes du mandat précédent. (Voir http://quaiducitoyen.eklablog.fr/les-journees-de-la-refondation-de-l-ecole-1-sur-2-a125428044 )

    Je ne mets pas en compte positif la fameuse réforme « des rythmes solaires » qui fut inepte et a d’ailleurs permis à Jean-Michel Blanquer de poursuivre les mêmes inepties en continuant de faire croire aux parents que pour leurs enfants venir 4 jours ou 4 jours et demi de classe par semaine cela n’avait aucune importance....

    Le rythme des enfants et des jeunes, aucun de ces gouvernements ne l’a vraiment défendu mais plutôt utilisé par pur électoralisme.

    Vincent Peillon, Ministre du périscolaire communal?

    Mais c’est bien dans la ligne de toute la "théologie" macronienne que de penser que ceux qui doivent s’en sortir sont ceux qui s’adaptent et sont les plus forts dans ce monde où on veut imposer le règne du travail soi-disant libérateur qui mène toute la société qui doit vivre pour « le dieu travail » qu’il faut pour Emmanuel Macron récompenser y compris en insultant ceux qui ne peuvent travailler et ceux qu’il considère inutiles et une charge pour la société à savoir les retraités dont je suis.

    Pour en revenir à l’École, on assiste en effet à un remake de politiques éducatives de droite avec un peut-être un zeste d'idéologie d'extrême droite sur fond d’autoritarisme et de mépris des acteurs du terrain sous des apparences bienveillantes qui cachent la mise en coupe réglée de notre système éducatif et de son personnel de la maternelle à l’université comprise.

    J’y reviens...

    Bien sûr la calculette est à l’œuvre car il ne fait pas oublier que derrière nous avons un président et son équipe de Bercy qui sont à la manœuvre pour imposer au pays un dictat économique que j’estime voué à l’échec et qui ruine notre pays. (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/la-casse-a-macron-sur-fond-de-jeu-de-bonneteau-2-sur-a148888860 ou http://quaiducitoyen.eklablog.fr/comme-hollande-macron-joue-au-poker-avec-l-argent-public-1-sur-2-a14474170 )

    LES REMAKES DE POLITIQUES ÉDUCATIVES DE DROITE

    De l’examen des propositions du programme d’Emmanuel Macron, avant le premier tour des présidentielles, je faisais la part des choses entre ce que j’estimais positif et négatif pour l’École et je concluais en disant :

    « Ce programme pour l’école n’est pas le reflet d’un vrai projet cohérent pour l’école pour laquelle aucun moyen supplémentaire véritable n’est attribué si ce n’est à la marge. Il me fait l’effet d’une accumulation de mesurettes qui ne pourront pas améliorer sensiblement la prise en charge des élèves pour une meilleure réussite de chacun. »

    De nouveau je confirme cette conclusion et montre que le Président Macron, dans sa course à vouloir montrer qu’il agit, ne tient pas compte du terrain, des enfants, des parents, des enseignants et des collectivités locales et du travail qui y est menée.

    (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/les-eleves-et-les-enseignants-ne-sont-pas-des-pions-a130154650 )

    S’y ajoutent, depuis, nombre de mesures que j’ai rappelées ci–avant et qui consolident mes craintes et me font dire que c'est pire encore que ce que je pensais alors.

    PHILIPPE PREMIER MINISTRE : A DROITE TOUTE !

    (auteur geralt,CC0 domaine public)

    Je reprends donc ici ce que j’avais découvert lors de la nomination de Jean-Michel Blanquer au poste de ministre de l’Éducation nationale.

    Il n’est pas question pour moi de nier l’expérience et la connaissance indiscutable des rouages de ce ministère et du fonctionnement de l’Éducation nationale que peut avoir monsieur Blanquer. Emmanuel Macron l’a choisi pour cela.

    Je dis néanmoins que tout dépend de l’expérience et de ce que l’on fait de la connaissance.

    J’ai pris assez de distance, dans le temps et au travers des divers gouvernements que j’ai dû supporter au cours des quatre dernières décennies que les mauvaises mesures ne sont pas toujours une question d’étiquettes politiques. Mes critiques de la politique de François Hollande en la matière le prouvent aisément comme celles que j’ai pu faire concernant Lionel JOSPIN et le premier ministre Michel ROCARD qui en leur temps ont fait ce qu’il fallait pour diviser le personnel du premier degré pour faire de la « bonne gestion » et des économies sur le dos des personnels en place, notamment les instituteurs, corps auquel j’ai eu l’honneur d’appartenir. 

    Le moins que je puisse dire est qu’à mon avis, Emmanuel Macron, en faisant ce choix montre à l’évidence qu’il est un homme du passé et dans sa tête et dans les actions qu’il veut mener que ce soit sur le plan économique ou social et ici dans le domaine majeur qu’est l’Éducation et donc le fonctionnement de notre École publique.

    Car pourquoi donc avoir choisi un ministre qui sous la présidence de Nicolas Sarkozy a été le directeur général de l'enseignement scolaire (DGESCO) de Luc Chatel au ministère de l'Éducation nationale. J’avais exprimé mon inquiétude par rapport à ce choix lors de la nomination du ministre en 2017, dans un article intitulé «  Le quinquennat commence mal pour l’école »:

    http://quaiducitoyen.eklablog.fr/le-quinquennat-commence-mal-pour-l-ecole-a131557396  

    et notamment dans le chapitre « les premiers pas du ministre Jean-Michel Blanquer ».

    Car force est de constater que le ministre Jean-Michel Blanquer fait le nécessaire pour appliquer ce à quoi il a touché au cours de sa longue carrière dans les cabinets ministériels ou à d’autres postes de responsabilité notamment sous l’ère Sarkozy que j’estime l’une des pires périodes que j’ai pu connaître pour l’enseignement, ses enseignants et les élèves. Je peux en témoigner, cette fois-ci non pas comme enseignant puisque je n’exerçais plus mais comme parent d’élèves et comme secrétaire général départemental de la FCPE jusque la fin du mandat de Nicolas Sarkozy.

    EDUCATION NATIONALE : LA CASSE A MACRON via BLANQUER- Chapitre deux

    (image Patrick Patte, mars 2012, CDEN alternatif **dans le département du Nord)

    Je cite ce qui s'est déroulé lors de cette malheureuse période durant laquelle Jean-Michel Blanquer fut un des collaborateurs et acteurs des mesures prises:

    • inspirateur du projet de repérage à la maternelle des élèves présentant des risques lors des apprentissages
    • fidèle du think tank Institut Montaigne qui a toujours défendu un courant libéral de l’enseignement me faisant craindre que l’on renforce l’école privée ce qui commence à se faire sous le faux prétexte d’instituer l’école obligatoire à 3 ans alors que déjà 97% des enfants de cet âge sont déjà scolarisés et qui forcera les communes à financer le fonctionnement des écoles maternelles privées
    • similitude des mesures actuelles prônées avec celles du programme de François Fillon sur l’École qui je le rappelle a été le premier ministre d’un gouvernement qui a supprimé la formation initiale des maîtres qu’il estimait sans doute inutile.
    • la suppression de dizaines de milliers d’emplois par le ministre dont il était un des principaux collaborateurs
    •  semaine de 4 jours institué par Xavier Darcos que monsieur Blanquer est en train de consolider
    • suppression de nombreux postes de l’éducation prioritaire et notamment dans les RASED
    • promotion de méthodes simplistes et caricaturales d’enseignement (méthode syllabique et rien que celle –ci par exemple) sur lesquelles il fonde ses instructions
    • internats dits « d’excellence » (dont le principe consiste à prélever les meilleurs élèves des établissements défavorisés pour les rassembler à l’écart des autres élèves) qui reviennent sous une autre forme
    • la « cagnotte » pour les décrocheurs censée inciter les lycéens à l’assiduité scolaire, une idée de Jean-Michel Blanquer
    • évaluations en CE1 et CM2 dont on retrouve des traces confirmées dans les intentions actuelles du ministre, une l'idée de Nicolas Sarkozy qui souhaitait ainsi évaluer les enseignants sur leurs résultats et le mérite de chacun
    • ...

    Pour celle ou celui qui aime lire et comparer elle ou il peut aussi  se reporter au programme de François Fillon pour les présidentielles... https://www.cjoint.com/doc/17_03/GCuli6HugtM_programmefillon.pdf

    Je reviendrai plus tard, si nécessaire, sur ces différents remakes dont certains ont déjà été mis en œuvre y compris sous des formes ou appellations différentes ( les « internats ruraux » pour les internats « d’excellence », ...).

     

    EDUCATION NATIONALE : LA CASSE A MACRON via BLANQUER- Chapitre deux

    (Horloge républicaine, domaine public)

    POUR CONCLURE CE DEUXIÈME CHAPITRE...

    Pour ma part, je ne suis pas dupe. Jean-Michel Blanquer se dit être un ministre de l'Education nationale qui fonde sa politique sur « la science » et le « pragmatisme ».

    Pour ''la science'', il fait fi par exemple de ce qu'a préconisé le rapport de l'Académie de Médecine sur l’ « Aménagement du temps scolaire et santé de l'enfant » en renforçant la possibilité des parents de choisir la semaine de 4 jours  ce qui prouve qu’il ne vise pas l’intérêt des enfants. Pour moi et je ne suis pas le seul à le penser, il n'est donc pas crédible. Et ce n'est pas sa référence aux neurosciences pour l'apprentissage de la lecture qui me feront changer d'avis bien au contraire. J'y reviendrai si nécessaire.

    Pragmatisme ? J’ai là aussi beaucoup de doutes. Il devrait peut être considérer que la France est le pays européen qui fait subir  par an le plus grand nombre annuel d’heures d’enseignement aux élèves pour un résultat peu satisfaisant. De même est-ce au nom de ce même pragmatisme qu’il pense que des stages de CM2 d’une semaine changeront quoi que ce soit pour rattraper les retards scolaires ? Ce ne sont que quelques exemples.

    Pour finir la démonstration de mon ressenti je cite quelques "bonnes appréciations" de certains ministres de divers gouvernements, sous l'ère Chirac ou Sarkozy, par rapport au programme de monsieur Blanquer pour l’École :

    • Luc Ferry, ministre sous le gouvernement Raffarin après les annonces de février 2018 : « Cet homme a des idées, une vision de l'éducation et de l'enseignement qui va clairement dans le bon sens, celui d'un retour aux fondamentaux». »
    • Xavier Darcos ministre de l'Éducation des deux premiers gouvernements Fillon (dans la Revue des deux Mondes), initiateur de la semaine de 4 jours : «Jean-Michel Blanquer est parvenu à faire ce que tout le monde souhaitait depuis toujours »... «Sa réforme est celle que j'avais souhaité mettre en œuvre en tant que ministre, période pendant laquelle il était mon collaborateur»
    • Luc Chatel, ministre sous gouvernement Fillon suivant et responsable de la suppression de milliers de poste et autres « casses » soutient lui aussi le ministre Blanquer dans un tweet du 2 septembre 2018 : « Soutien total aux mesures annoncées par @jmblanquer: contrats d’objectifs, refonte de l’évaluation des profs, rémunération liée à la performance,+ d’autonomie pour les chefs d’établissements...Nous les avons expérimentées ensemble en 2009/12 notamment avec le programme ÉCLAIR . »

    Il n’en manque pas un seul de ces ministres de droite qui ont endommagé le fonctionnement de notre système éducatif.

    Hé oui, une preuve de plus, s'il le fallait,  qu’Emmanuel Macron, président jeune, dynamique, qui veut faire croire qu’il est résolument tourné vers l'avenir et qui voulait faire croire que l'École serait l'un des champs d'application majeurs favorisant la concrétisation sur le terrain de l'innovation,  conjugue bien le futur au passé. Il serait bon qu'il retourne à l'école...pour réviser la concordance des "temps".

    A suivre ...

     

     

     

    * "La poudre aux yeux": Sous ce titre , René Boylesve, pseudonyme de René Tardiveau, écrivain français, né le 14 avril 1867 publie une série de cinq nouvelles dont la première et la plus longue et qui donne son titre à l'ouvrage.Avec des arguments différents, ces cinq nouvelles abordent le même thème, énoncé dans le titre du recueil, celui de l'être et du paraître, de l'impression que l'on donne aux autres, à dessein ou involontairement. (source Wikipédia).

    ** CDEN Alternatif du département du Nord: Conseil départemental de l' Education nationale alternatif, structure de concertation départementale réunie sous le gouvernement Fillon et qui  a travaillé 17 propositions clés de terrain pour l'avenir de l'école. Ces propositions avaient été envoyées en juin 2012 à monsieur Peillon, nouveau ministre de l'Education nationale). plus d'infos: http://quaiducitoyen.eklablog.fr/hollande-3-ans-l-ecole-pre-introduction-a118096452

     

     

     

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