• APRÈS MAI 68, DÉCEMBRE 2018 ?

    Les violences qui ont pu être constatées lors de la journée de mobilisation des Gilets Jaunes à Paris étaient prévisibles.

    Elles ont plusieurs causes.

    Je ne m’aventurerai pas à examiner si les mesures de sécurité prises par le ministre de l’intérieur étaient les bonnes n’étant pas un spécialiste de la question.

    Si on en reste aux faits qu’ont pu rapporter les différents médias notamment avec des images, on peut dire que les dégradations ont touché certes les Champs Élysées et l’Arc de Triomphe qui en principe étaient libres d’accès mais bien encadrés mais surtout des lieux multiples dans Paris, là où le ministère de l’intérieur et les forces de police ne semblaient pas attendre les « casseurs », seul mot simple pour qualifier tous ceux qui ont provoqué ce qui est apparu comme un champ de batailles avec les forces de l’ordre, de casse et de pillage.

    Nul ne peut nier qu’on est arrivé à une situation qui à force de renforts de moyens policiers a pu finir par être maîtrisée, est bien plus grave que celle de la semaine dernière qui était pourtant un avertissement que le pouvoir, Emmanuel Macron et le Premier ministre en tête n’ont pas bien mesuré.

    EMMANUEL MACRON : LOI ORE DE LA SELECTION

    (affiche mai 68 toujours d'actualité)

    UN MANQUE DE RÉACTIVITÉ ÉVIDENT DU PRÉSIDENT MACRON

    Après la manifestation du 17 novembre, j’exprimais dans un article sur ce blog (daté du 22 : http://quaiducitoyen.eklablog.fr/gilets-jaunes-un-mouvement-en-quete-de-coherence-a151587900 ) mon inquiétude à propos des non réponses faites aux Gilets Jaunes par le président depuis le porte avion « Charles de Gaulle » :

    «  Après l'interview du président de la République sur un porte avion pour ne rien dire, l'interview du premier ministre dimanche soir pour dire la même chose c’est à dire RIEN.. Rien ne change, rien n'est annoncé. C'est " la faute de ceux d'avant". Il "entend" mais ne changera pas de cap. Ce qui peut apparaître comme une provocation ou du mépris ou les deux...()...

    Je concluais l’article à la veille de la deuxième manifestation par

    « Le gouvernement se doit de ne pas faire des amalgames et imputer aux gilets jaunes des actions qui ne sont pas de leur fait. Les récents propos de Christophe CASTANER, ministre de l'intérieur,  entre exagérations et approximations ne sont pas rassurants sur ce point si on veut aider à un déblocage de la situation.

    Le prochain week-end risque d’être une poudrière qui pourrait vite devenir incontrôlable...

    Ce n'est  souhaitable ni pour les citoyens ni pour le président de la république. »

    La deuxième manifestation eu lieu le 24 avec une montée en puissance de la violence à Paris que l’on a pu constater. Il n’était pas difficile d’en tirer des leçons pour agir et montrer que le mouvement était pris en considération comme ne l’a pas fait le président Macron. Le mouvement des gilets jaunes, symptôme fort d’une grave crise sociale se devait d’être pris au sérieux car il indiquait une URGENCE DANS LA DEMANDE faite par nombre de nos concitoyens de rétablir dans le pays une justice sociale mise à mal depuis de nombreuses années et pas seulement sous le « règne » d’Emmanuel Macron. D’autres avant lui ont creusé aussi le fossé des inégalités sociales.

    (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/gilets-jaunes-un-symptome-fort-d-une-grave-crise-sociale-1-sur-2-a153306152 )

    GILETS JAUNES : UN SYMPTÔME FORT D’UNE GRAVE CRISE SOCIALE 2 sur 2

    (auteur Jeanne Menjoulet, autorisation 2.0 Generic (CC BY 2.0))

    Le président a enfin condescendu à répondre le mardi 27 mais c’était déjà bien tard. Il pouvait encore annoncer des mesures fortes pour calmer la colère et permettre ensuite d’entamer des négociations. En fin de matinée, le président de la République, Emmanuel Macron a présenté durant une heure son plan sur le long terme pour parvenir à une transition écologique « acceptable » mais n’a fait aucune annonce susceptible de répondre aux préoccupations exprimées par les Gilets Jaunes et derrière eux les 80% des français qui s’y retrouvent.

    Il a dit qu’il gardait le « Cap ».

    Dans mon dernier article (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/gilets-jaunes-le-coup-de-poker-du-president-a153361860) je concluais :

    « Le président a donc pris le risque que le mouvement se radicalise avec toutes les conséquences qu’il peut y avoir pour l’ordre public.

    Un pari osé... qu’il eut été plus sage de ne pas tenter. »

    Il ne fallait pas être grand clerc pour supposer ce qui allait se passer à savoir une montée de la colère qui aurait pu être évitée.

    LA CASSE ET LA COLÈRE

    J’ai écouté les analyses de quelques spécialistes des mouvements sociaux et historiens de la chose qui me semblent correspondre à la réalité de ce que j’ai pu percevoir après avoir trié le déluge des images et des informations délivrées par les médias.

    Il semble qu’il y ait eu plusieurs catégories de casseurs :

    • les opportunistes, ceux venus pour casser pour voler
    • les politiques ceux de l’ultra droite et de l’ultra gauche qui en ont profité pour s’affronter aux forces de l’ordre et casser, incendier pour marquer leur idéologie de mettre en l’air le système actuel de fonctionnement de la République .
    • des « Gilets Jaunes » qui se sont radicalisés qui ont pu suivre les manières de faire des précédents

    Tout cela fait du monde et c’est ce qui est inquiétant, d’autant que les forces de l’ordre ont eu du mal, à l’extérieur des Champs Élysées, à maîtriser la situation de la casse matérielle.
    Sans vouloir faire un parallèle encore avec les violences de Mai 68, il semble qu’on soit sur un chemin qui y mène si le gouvernement n’y prend pas garde et persiste à garder son cap comme il dit.
    En mai 68, au niveau des affrontements c’était tous les jours et la nuit pendant des semaines... On n’y est pas encore.

    APRÈS MAIS 68, DÉCEMBRE 2108 ?

    (Place du Capitole. 11 ou 12 (juin 1968. Vue d'ensemble en contre-plongée des manifestants, une partie d'entre-eux sont assis par terre. Cliché pris durant les évènements de Mai 68 à Toulouse. auteur André Cros    CC BY-SA 4.0)

    LES SIMILITUDES AVEC MAI 68

    On n’en est pas encore là tant du point de vue de la mobilisation en nombre de manifestants que de la densité sur le temps des manifestations qui ne sont pas en continue chaque jour et nuit. Pour l‘instant la fréquence est hebdomadaire.

    Mais attention, cela pourrait changer si aucun geste significatif n’est fait dans les plus brefs délais d’autant que dans les régions les actions sous de formes diverses continuent.

    Si effectivement Emmanuel Macron ne veut qu’on se dirige vers un décembre 2018, il ne doit pas se contenter comme ce matin d’aller à l’Arc de triomphe ou faire la tournée des commerçants qui ont été touchés par les saccages. Il doit prendre des dispositions, proposer des gestes forts et parler aux français au plus tôt après la réunion de sa cellule d’urgence.. Il faut espérer qu’il le fera aujourd’hui et ne prendra pas encore une fois un train de retard.

    Pour avoir vécu cette époque, je peux dire qu’en bref Mai 68 est né à partir du mouvement étudiant de l’époque qui fut rejoint par une grève générale qui bloqua tout le pays durant plusieurs semaines. Le contexte n’est pas donc le même tout au moins au niveau du démarrage du mouvement.

    Néanmoins, des similitudes existent et notamment l’ éclatement spontané de la crise qui a prit complètement au dépourvu le pouvoir, ainsi que pratiquement toutes les organisations, partis et syndicats organisés.

    La différence est qu’ici le pouvoir aurait eu le temps de réagir pour éviter ce qui se passe actuellement du fait de non réponse concrète aux préoccupations de celles et ceux qui sont les Gilets jaunes.

    Par rapport à mai 68, le chômage est bien plus important, il y a un nombre très important de pauvres, un smic faible et des salaires insuffisants. Des inégalités profondes existent donc aussi...

     

    LA CASSE A MACRON: INVENTAIRE - 1 sur 3

        LA CASSE A MACRON: INVENTAIRE - 1 sur 3

    CE QUE DOIT FAIRE LE PRÉSIDENT?

    Continuer de jouer le pourrissement n’est pas acceptable, rétablir l’état d’urgence serait aussi un mauvais signe car cela voudrait dire que le pouvoir prévoirait l’augmentation des violences et donc que les propositions qui seraient faites seraient insuffisantes.
    Il ne reste plus qu’à faire des propositions fortes en rapport avec les revendications qui ont été listées.

    N’étant pas à la place du Président et du premier ministre, je me garderai de leur souffler quelles propositions ils doivent faire en préalable à des négociations avec tous les français et pas seulement les Gilets Jaunes. Que ceux-ci soit organisés ou pas, peu importe. L’important est ce qui sera proposé.

    Cela veut dire qu’Emmanuel Macron doit remettre en cause sa politique et qu’il doit donc se rendre compte que s’il est légitime de par son élection, son programme ne convient pas aux français.

    S’il ne le fait pas, il va, à mon sens, au désastre et risque le blocage du pays et de fait d'accroître la violence.

    Ce n’est pas souhaitable.

    « LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE BÂCLEE DU PRÉSIDENT MACRONCRISE POLITIQUE ET SOCIALE: UNE SEMAINE DÉCISIVE? »

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