• MANUEL VALLS, POLITICIEN QUI NE RESPECTE PAS LA PAROLE DONNÉE

    MANUEL VALLS, POLITICIEN QUI NE RESPECTE PAS LA PAROLE DONNÉE

    J'apprends donc que Manuel Valls a annoncé qu’il voterait Emmanuel MACRON au premier tour de la présidentielle. On le savait, il ne faisait pas campagne pour Benoit Hamon. Cela faisait quelques temps que des rumeurs bien distillées courraient. Il eut pu se contenter d’attendre et se prononcer après le premier tour. Il eut ainsi évité d’être considéré comme un homme sans honneur. Ce qu’il est maintenant. (photo modifiée Valls   SPD Bundesparteitag Berlin, 10.-12. Dezember 2015, CityCube, Messe Berlin auteur Olaf Kosinsky, CC BY-SA 3.0)

     

     

     

     

    LES ARGUMENTS DE MANUEL VALLS

    Il annonce que Benoit Hamon ne peut espérer être au second tour de la présidentielle.

    Il indique que « Ce n'est pas un ralliement, c'est le choix de la raison » et qu'il ne participera pas à la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron.  "Je n'ai rien à négocier et je ne demande rien, ce n'est pas un ralliement, c'est une prise de position responsable"

    "Je ne prendrai aucun risque pour la République, je ne prendrai aucun risque pour la France, je ne veux pas le soir du premier tour que je me retrouve face au choix entre François Fillon et Marine Le Pen. [...] Face au danger que représente le Front national, on ne peut pas hésiter."

    MANUEL VALLS, POLITICIEN QUI NE RESPECTE PAS LA PAROLE DONNÉE

    (auteur Hans, CC0 domaine public)

    MON AVIS

    Manuel Valls ne respecte pas l’engagement qu’il a signé sur l’honneur de se ranger derrière et soutenir celui qui devait gagner la primaire du Parti socialiste. Ce fut Benoit Hamon.

    Son attitude montre qu’il ne respecte pas les règles de la démocratie de son parti.

    Être responsable, dans ce cas, c’est d’abord ne pas donner l’image d’un politique de plus qui ne respecte pas sa parole. On pourra donc dire : « Encore un politique dont la parole ne vaut pas tripette ». Ce qui jette de nouveau, après le cas Fillon, le discrédit sur l’ensemble de la classe politique qui a encore pourtant, en son sein, des hommes et des femmes à l’honnêteté intellectuelle intacte.

    L’argument quant au danger que représente le Front national qui justifie que l’on doit faire un vote utile dès le premier tour à savoir choisir Emmanuel MACRON ne tient pas venant de la part de quelqu’un qui a été premier ministre et qui devrait défendre l’expression démocratique des citoyens.

    Sa position revient à dire qu’il ne faut donc pas lutter contre l’abstention par la défense de ses convictions mais abdiquer en votant « utile ». Bel exemple de leçon de démocratie !

    Comme je le disais dans mon article récent du 17 mars 2017 (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/campagne-presidentielle-le-vote-dit-utile-a129059754) :

    « Car voter "utile" c’est aussi sous entendre qu’il y a des votes inutiles et donc des candidats inutiles que l’on peut négliger.  C'est grave! C'est donc pire qu'en 2002 puisque le vote utile pourrait commencer au premier tour pour être sûr que le vote "utile" du deuxième tour fonctionne!

    C’est inacceptable pour les idées et les candidats qui les portent et cela montre à quel point notre système démocratique est malade et qu’il faut le réparer d'urgence.

    On ne le fera pas donc pas en votant "utile "car, au contraire, on accentuera la dérive de la démocratie.

    Il reste une solution pour avancer : faire reculer l’abstention en défendant positivement un projet tout en dénonçant les propositions estimées inacceptables des autres.

    Pour cela il faut se remuer et remuer les autres.

    Voter et voter pour mes convictions, là est le véritable vote utile... »

    Manuel Valls estime donc que le candidat du parti socialiste Benoit Hamon et aussi tous ceux que les sondages n’ont pas placés en bonne position pour le premier tour sont des candidats inutiles ! Il est sûr que depuis qu’il a été battu à la primaire, il ne s’est guère « remué » pour défendre les positions de celui qui l’ a emporté. Lui manquait sans doute ces convictions de gauche dont il n’ a pas fait montre durant le quinquennat.

    MANUEL VALLS, POLITICIEN QUI NE RESPECTE PAS LA PAROLE DONNÉE

    (Molière, Le Tartuffe, ou l'Imposteur Paris : Jean Ribou, 1669, domaine public)

    FRANÇOIS HOLLANDE : LE PREMIER FRONDEUR

    Manuel Valls sur RMC : « Moi je ne demande rien, j’ai gouverné. C’est assez drôle de recevoir des leçons de trahison de la part de ceux (les frondeurs, ndlr) qui ont voulu faire voter des mentions de censure contre leur propre gouvernement, de la part de ceux qui ont refusé de voter des lois essentielles dans le cadre de ce quinquennat. »

    Il vise donc là les frondeurs et donc en l’occurrence Benoit Hamon.

    Les députés « frondeurs » ont essayé de s’opposer peut être pas d'ailleurs avec assez de vigueur  – je les ai souvent critiqué sur ce point- à ces lois « essentielles » comme le dit Manuel Valls (Loi El Kohmri par exemple). Ils estimaient, eux, au contraire que ces lois trahissaient les électeurs de gauche qui les avaient élus. En cela, ils les ont respectés.

    Car, j’estime quant à moi que le premier « frondeur » a été François Hollande qui a trahi ses électeurs de gauche et a choisi Manuel Valls (5,63 % à la première primaire de gauche en 2012*) pour mener une politique dans laquelle ils ne se sont pas reconnus. Il suffit de citer la loi El Khomri à titre d’exemple et les cadeaux du CICE et du pacte de responsabilité qui sont un échec ou même la loi modifiant les conditions de la tenue de l’élection présidentielle qui a instauré l’inégalité du temps de parole entre les candidats au profit d’une indigne « équité ». (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/presidentielles-2017-une-loi-qui-sape-l-egalite-du-temps-de-parole-1-s-a125513700)

    Manuel Valls poursuit donc l’entreprise de démolition de la gauche commencée par François Hollande pour mener un politique soi - disant sociale mais en tout cas libérale.

    MANUEL VALLS, POLITICIEN QUI NE RESPECTE PAS LA PAROLE DONNÉE

    VALLS VEUT-IL DONC MAINTENANT DÉTRUIRE LE PARTI SOCIALISTE?

    Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du parti socialiste a indiqué dans un communiqué plutôt tiédasse:"Je suis triste de ne pas avoir réussi à convaincre Manuel Valls de ne pas soutenir Emmanuel Macron. Je combats cette position. Notre candidat, après la primaire et la convention unanime des socialistes, est Benoît Hamon. Il doit représenter tous les socialistes, les radicaux et tous les écologistes (...) J'appelle tous les socialistes au calme, au respect de leurs principes et de leur cohérence pour une gauche qui gouverne et qui transforme".

    La moindre des choses aurait été d’ajouter que des sanctions seraient prises comme l’exclusion du parti socialiste de quelqu’un qui ne soutient pas son candidat élu. Il devait être de même pour Le Drian, ministre socialiste du gouvernement et les divers parlementaires déjà ralliés.

    Attendons la suite...A espérer que le premier secrétaire du parti socialiste aura une position plus ferme envers celles et ceux qui feraient défaut au candidat de son parti et rejoindraient un autre candidat.

    Le PS qui ne correspond plus , avec le candidat Hamon, à la vision réformatrice libérale de la société de Manuel Valls est maintenant dans la ligne de mire puisque ce n’est pas lui, Valls, qui a été désigné candidat et qu’il ne peut donc plus utiliser le dit parti pour bâtir son avenir personnel. Il tente donc une autre voie et le Parti socialiste devient gênant pour ses objectifs futurs de conquête du pouvoir.

    En février 2016 j’écrivais dans un article intitulé « Oui, il va falloir réagir » :

    « François Hollande, par son glissement vers une politique économique incontrôlée et ses faiblesses face au monde de l’entreprise et de la finance a choisi son camp qui n’est pas celui de ceux qui l’ont élu pour plus de justice sociale. 

    Il ne fait qu’ouvrir le chemin au pouvoir de droite qui pourrait lui succéder (...)

    Pour moi, il a complètement raté, par la politique qu’il a mise en place, sa possibilité historique de faire une gauche rassemblée sur de vrais objectifs de justice sociale ce qui n’empêchait en aucune manière de remettre en route la machine économique en contrôlant la dette et faire des réformes, des vraies...

    Il n’a pas fait les bons choix et mène une politique fiscale, sociale et économique désordonnées et d’un autre âge, s’appuyant sur des ministres dont la plupart ne peuvent plus être considérés à gauche et cède aux demandes d’un MEDEF qui le roule dans la farine et qui ne fait rien pour que l’emploi renaisse.  (Voir mes différents articles sur ce blog pour éviter de me répéter)

    François Hollande a donc bien raté l’occasion historique de montrer que la gauche pouvaient gouverner en conservant ses principes de solidarité tout en corrigeant par des réformes intelligentes nombre des défauts que nous avons dans le fonctionnement de notre pays : l’éducation, la santé, la justice, la fiscalité, le fonctionnement démocratique de nos institutions, l’aménagement du territoire et de l’environnement, l’écologie... J’en passe... » (...)

    François Hollande a cassé la gauche qui l’avait élu, l’a affaibli au lieu de mener des réformes nécessaires et justes dans la clarté.  

    Il ne peut donc plus, à mon sens, prétendre la représenter.(...).
    Il a accentué la division entre les députés socialistes, les membres du parti socialiste qui de fait va vers la déliquescence. »

    Hé bien aujourd’hui c’est fait malgré tout ce que peut faire Benoit Hamon, avec une conviction que je lui reconnais sincère, pour essayer de sauver « les meubles » de la maison socialiste.

    Bon courage !

     

    *Résultats Primaire de gauche de 2012 :   sans commentaire

    Résultats du premier tour

    Candidats

    Étiquette

    Voix

    %

     

    François Hollande

    PS

    1 038 188

    39,17 %

     

    Martine Aubry

    PS

    806 168

    30,42 %

     

    Arnaud Montebourg

           PS

    455 601

    17,19 %

     

    Ségolène Royal

    PS

    184 091

    6,95 %

     

    Manuel Valls

    PS

    149 103

    5,63 %

     

    Jean-Michel Baylet

    PRG

    17 055

    0,64 %

     

    Votants

    2 661 231

    100,00

     

    Exprimés

    2 650 206

    99,59

     

    Blancs et nuls

    11 025

    0,41

     
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