• LE "GRAND DÉBAT" : MASCARADE ET OPÉRATION DE COMMUNICATION ?

    Pour faire suite à mes articles précédents sur le « grand débat » organisé par le président de la République sous la houlette du gouvernement, je reviens sur la neutralité de cet exercice coordonné par deux ministres après l’évincement de la Commission Nationale des Débats Publics qui aurait dû être l’organisatrice et la garante de la bonne tenue d’un véritable débat ainsi que de la synthèse finale. Les informations révélées par Médiapart et argumentées avec sérieux notamment par des échanges de courriers et de mails entre le cabinet du premier ministre et Chantal Jouanneau, la présidente de la CNDP montrent à l’évidence la volonté du gouvernement d’Emmanuel Macron de ne pas vouloir que le débat en soit un vraiment.

    Ajouté à ce qu'Emmanuel Macron déclare et fait ainsi que ses ministres, plus le temps passe depuis le lancement le 15 janvier de ce "grand débat" que j'ai souvent encadré de guillemets et pour cause, plus je suis convaincu que c'est une mascarade et une opération de communication. L'enjeu pour le président: reprendre la main vis à vis de l'opinion. Les sondages montrent que ça commence à fonctionner. Il y a encore du chemin mais où ce chemin mènera-t-il la France car c'est bien de cela qu'il s'agit?... et c'est très préoccupant.

    LE "GRAND DÉBAT" : MASCARADE ET OPÉRATION DE COMMUNICATION

     (auteur pixel2013, CC0 domaine public)

     

    L’AVANT « DÉBAT »

    Il faut donc bien, comme je l’écrivais dans mes précédents articles, faire exploser la NASSE.

    Force m’est, pour l’instant, de ne pouvoir m’impliquer officiellement dans une mascarade dont je ne veux pas être un des dindons de la farce.

    Cela ne m’empêche pas de défendre mon point de vue sur divers sujets, d'échanger avec d'autres,  y compris sur ce blog, dire ou redire ce qu’il faut changer ou modifier selon moi dans la politique actuelle. J’ai déjà largement commencé à le faire.

    Mais je redis que je ne veux pas que l'on comptabilise ma participation à une opération de communication stérile.

    La mascarade, je connais, puisque, natif de Dunkerque, j’ai eu l’occasion de participer dans le passé à de nombreuses bandes de carnaval sous des déguisements les plus divers. Mais là, c’était pour la convivialité, le fun, la tradition , le défoulement et l’amusement.

    Avec le « Grand Débat » il ne s’agit pas de s’amuser et de plaisanter.  

    Quoi que puissent en dire les organisateurs du « Grand Débat », celui –ci n’est ni neutre ni à mon sens digne de confiance parce que ne permettant pas au moins pour sa partie numérique le débat... justement.

    Quand aux débats locaux, c'est à suivre notamment quant à leur ouverture et aux remontées des synthèses...

    Vendredi 25 janvier, Chantal Jouanneau, toujours Présidente de la Commission nationale du débat public, a dénoncé une « opération de communication ».

    « Le principe d’un débat public, ce n’est pas de poser des questions aux Français, ce sont les Français qui vous posent des questions, eux qui s’expriment, eux qui disent ce qui leur tient à cœur » . Le grand débat actuellement mené par le gouvernement n’est, selon l’ancienne ministre, qu’une « consultation », avec des questions « forcément orientées »

    Je rejoins ce diagnostic au vu de la manière dont le gouvernement a évincé la CNDP pour contrôler le fonctionnement de la plateforme et l’organisation du « grand débat » en l’enfermant dans une nasse du fait même des thèmes limitatifs imposés.

    Tous les indices concordent: propos du président sur le non changement de cap économique, cadrage du débat, questionnaires orientés,...

    L’opération de communication est renforcée par les prestations hebdomadaires présidentielles sous forme de stand up et relayées avec abondance en continu par quatre chaines de télé.

    Quant à la prestation SCHIAPPA-HANOUNA, si le débat a peut- être eu lieu sur le plateau, il n’ a été pour le reste,  et notamment ceux qui ont participé au choix des propositions retenues, qu’un vote comme "on choisit sa chanson préférée" après un show pas toujours très clair quant aux informations données...

    Du spectacle et de la com...là aussi.

    GRANDE CONSULTATION CITOYENNE : CHICHE! -  2 sur 2

    (Char de la mascarade des artistes français à Rome en 1748. Vien — Gravure, domaine public)

     

    LE GRAND DÉBAT : UN DÉFOULOIR 

    Même si des échanges ont lieu sur le terrain des communes , ce ne sont en définitive que des défouloirs qui, certes, permettront ici ou là l’élaboration de propositions entrant dans le moule souhaité surtout quand l’animation est faite par des membres du parti du président.

    Mais c'est peut-être là que l'on peut faire exploser la nasse c'est à dire sortir des lignes qui ont été fixées. Sans doute nombre de participants le font. Sera-ce suffisant?

    Car, au vu des propos d’Emmanuel Macron ou de certains de ses ministres des propositions sont d’ores et déjà écartées notamment sur la fiscalité.

    Quelques chiffres du défouloir : (Après deux semaines d’ouverture du » débat »)

    Emmanuelle Wargon, secrétaire d’Etat et co-animatrice du grand débat, donne des chiffres : « Dans le détail, ce sont 2 500 réunions locales qui ont été enregistrées sur le site du gouvernement et 700 d’entre elles ont déjà eu lieu. »

    Sébastien Lecornu, l’autre animateur gouvernemental, « a regretté le manque de réunions dans les banlieues et les quartiers difficiles »

     

    LE "GRAND DÉBAT" : MASCARADE ET OPÉRATION DE COMMUNICATION

    (Image modifiée geralt, CCO domaine public)

     

    LA PLATE FORME NUMÉRIQUE

    Selon Emmanuelle Wargon il y a eu

    • 1,2 million de personnes qui sont allées sur le site internet mis en place par le gouvernement.
    • 500 000 « contributions directes » ont été enregistrées sur le site

    Parmi elles, 200 000 ne répondraient pas aux questions posées et donc « 300 000 réponses aux questions » ont été comptabilisées.

    Pour ce qui est de cette plateforme numérique, elle ne favorise pas le débat mais demande de répondre à des questions. Et quand celles-ci sont ouvertes, le système choisi ne permet pas les échanges contradictoires.

    D’où sans doute le passage de 1,2 millions de consultations à quelques 500 000 contributions.

    Il n'est donc pas possible de "débattre » alors que La plateforme internet préparée par la Commission nationale du débat public (CNDP) "était prête pour ce faire"..

    Chantal Jouanno, présidente de la CNDP a dit ,le 25 janvier sur LCI, que « tout avait été refait ». Selon elle, le format "questionnaire" sur chacun des thèmes pose problème : "On n'avait pas prévu de faire une opération de communication mais un grand débat, donc on avait prévu de faire une plateforme numérique totalement ouverte, (...) où tout le monde pouvait échanger sur n'importe quel sujet"

    Pourquoi donc avoir modifié ce qui existait qui pouvait laisser cours au débat et le remplacer par des questions  si ce n’est pour que le débat n’ait pas vraiment lieu et que les participations soient donc de ce fait bien cadrées?

    Un motif de plus pour ne pas participer à une mascarade.

    LE "GRAND DÉBAT" : MASCARADE ET OPÉRATION DE COMMUNICATION

    (auteur eak_kkk)

    CHIFFRES ET CHIFFRES : UNE PARTICIPATION TRÈS FAIBLE

    Si on considère les chiffres cela me semble être par rapport à eux qu’on pourra se rendre compte de la réalité des échanges qui auront eu lieu sur le plan local.

    Un débat au moins par ville ou village ?
    Combien d’habitants ou électeurs participants ?

    En résumé donc, après deux semaines de démarrage, (derniers chiffres annoncés par Emmanuelle Wargon, secrétaire d’Etat et co-animatrice du grand débat )

    Les débats :

    Nombre de débats prévus : 2 500

    Nombre de débats locaux réalisés : 700

    Nombre de communes en France au 1er janvier 2019 : 34 970  dont 34 841 en France métropolitaine et 129 dans les DOM.

    En admettant que tous les débats annoncés se fassent : cela fait 7,15 % des villes et villages de France,en simplifiant à une réunion par commune par rapport au nombre de communes en France. En réalité c’est moins puisque les grande villes concentrent plusieurs débats.

    Et c'est peu.

    Combien cela fait –il d’électeurs ? Nul ne peut le dire pour l’instant mais c’est donc très peu.

    Participation à la plateforme :

    500 000 « contributions directes » ont été enregistrées sur le site internet mis en place par le gouvernement : Parmi elles 300 000 répondent aux questions posées. » (dixit Emmanuelle Wargon)

    Nombre d’électeurs : 45,5 millions environ.

    Pour l’instant, sur la plateforme cela fait une participation de 1,09 % des électeurs.

    Il y a encore de la marge pour dire que l’utilisation de la plate forme est un succès et que les débats se font de manière importante au niveau des communes.

    LE "GRAND DÉBAT" : MASCARADE ET OPÉRATION DE COMMUNICATION

    (auteur geralt, CC0 domaine public)


    EN L’ATTENTE :

    Pour les débats locaux, j’attends donc une participation plus avancée au fil des semaines qui viennent.

    La mobilisation doit être quantitative, diversifiée et qualitative.

    Quel sera le nombre de militants de partis ou des syndicalistes ou des responsables d’associations par rapport au nombre de citoyens lambda, de gilets jaunes , de jeunes ?

    La mobilisation et les résultats seront –ils représentatifs des diverses opinions des électeurs ?
    Il faudra en avoir l’analyse précise pour y répondre et pas seulement un nombre de participations ou un nombre de débats.

    Je ferai ce qu’il faut  diffuser à mon niveau ce que je pense et propose mais ce ne sera pas sur le site mis en place par le gouvernement.

    Pour ce qui est des débats locaux, je n’en ai pas de prévu dans ma ville. Peut-être irai-je si il y en a un, pour voir dans quelles conditions et par qui est organisé le débat.

    D’autant que j’ai de plus en plus l’impression confirmée que tout est écrit dans a tête du président et du pouvoir. Des signes le montrent.

    Je ne reviens pas sur les affirmations que sur nombre de points concernant sa politique économique le président ne changera pas son cap.

    Le dernier signe : L’entretien à l’Élysée du président avec des journalistes, une opération de communication qui permet de laisser « filtrer » qu’un référendum est en effet possible pour acter la prise en compte des « remontées ».

    On apprend ensuite que cela pourrait être en même temps que les européennes. Mais ce n’est pas décidé.

    Le "suspense" est à son comble, bien entretenu avec l’aide des médias...

    De la com, encore de la com.

    Car tout cela est dans un flou bien orchestré et une sorte de suspense voulu pour faire croire que l’on va répondre à cette demande de « référendum » faite par les Gilets Jaunes sauf à dire que ce qu’ils ont demandé c’est qu’on étudie le système du RIC (Référendum d'Initiative Citoyenne) ce qui est tout à fait autre chose.
    L’intention est aussi de lancer un ballon d’essai pour voir comment d’aucuns réagissent.

    Essai réussi : certains politiciens plongent sur sujet - comme par exemple le président du parti « Les Républicains » et font des propositions...

    Je vais y revenir SANS MASQUE...pour cette suite de la mascarade.

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