• IL FAUT RETIRER LE PROJET DE LOI EL KHOMRI - 1 sur 3

    Dans mon précédent article, j’exprimai ce qui , après lecture du projet de loi EL KHOMRI, me semblait relever de ce que je pourrai qualifier de tactique pour essayer « de faire croire à l’inéluctabilité d’une réforme du code du travail comme si c’était la solution miracle au chômage, aux problèmes de la demande et au remplissage des carnets de commande... ». J’ajoutais que « les carnets de commande ne se remplissent pas avec un code mais plutôt parce que l'on va offrir un produit de qualité, utile, innovant,... et qui va être demandé. » ... » Que l’on veuille un certain assouplissement et une simplification du code du travail, on peut le comprendre, mais que cela tienne lieu de solution miracle pour résorber le chômage est significatif de la faiblesse de réflexion de notre gouvernement ou de ses « experts ». 

    Ce projet de loi pour modifier le code du travail est de plus une régression des droits des travailleurs.

    Dans une période où la création d’emploi est en panne ce n’est pas par le code du travail qu’il fallait commencer surtout pour le modifier pour mettre en place une régression des droits des travailleurs.

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    L’urgence est de prendre les vraies mesures pour créer des emplois... et remplir les carnets de commande.

    Le nouveau code du travail annoncé n’est qu’un leurre électoraliste inefficace et injuste tout juste bon à faire croire qu’on agit pour la création d’emploi dans ma même ligne d’inefficacité que le pacte de responsabilité.

    L’URGENCE: UN PROJET GLOBAL DE DEVELOPPEMENT POUR L’EMPLOI

    La situation actuelle de l’emploi en France ne tient pas au coût de la main d’œuvre comme le chante le MEDEF dont le seul souci est de faire baisser unilatéralement les charges des entreprises.   De nombreuses études le montrent comme de nombreux experts économiques l’affirment. C’est cependant ce discours qu’ont entériné les gouvernements successifs de François Hollande en mettant en place le pacte de responsabilité dont le coût eût pu être utilisé pour d’autres mesures efficaces bien ciblées et maîtrisées.

    Maintenant on passe à la phase « rendre plus flexible le marché de l’emploi » sans plus de réflexion poussée, toujours en allant dans le sens du discours du MEDEF pour soi-disant permettre de rassurer les chefs d’entreprises pour qu’ils embauchent.

    Pour embaucher, le chef d’entreprise a besoin de commandes et c’est bien là que le bât blesse. Le code du travail quel qu’il soit ne remplira pas le carnet. Le problème est donc ailleurs et il n’a guère été traité par les gouvernements successifs de François Hollande si ce n’est tardivement : Le compte personnel d'activité fin 2015, un sursaut pour la formation... ultime plan en faveur de l'emploi à travers des mesures ciblant notamment l’apprentissage et les petites et moyennes entreprises. 

    Si ces mesures sont nécessaires, elles ne sont pas suffisamment charpentées pour avoir un impact maximum immédiat.

    Le compte personnel d’activité n’est pour l’instant qu’à l’état d’ébauche qui permet une avancée positive sur quelques principes mais on est encore loin des mesures concrètes qu’il faudrait appliquer réellement pour être au niveau suffisant pour permettre une sécurisation digne de ce nom après la perte d’emploi. Il y a eu un accord a minima. Mais le contenu reste à construire et le patronat n’ a pas encore entériné les principes dont notamment la prise en compte de la pénibilité. Pour l’instant, il y a plus d’inconnues que de certitudes dans ce projet.

    Quant au volet « Formation », le lancement d’un plan massif de formation grâce auquel « 500 000 personnes de plus seront accompagnées vers les métiers de demain » comme l’a annoncé François Hollande en ce début d’année 2016, il est incomplet. Il oublie les métiers qui existent et auxquels devraient pouvoir se former ceux qui licenciés doivent se reconvertir.

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    (geralt, pixabay, CC0 domaine public)

     

     

    Et maintenant, on veut bruler les étapes et faire voter une loi qui va intégrer des dispositifs incomplets dont le contenu n’est pas finalisé concrètement tout en modifiant un code du travail qui va donner aux entreprises le droit de licencier plus facilement tout en accentuant la précarité de ceux qui travaillent. 

    Tout cela manque de cohérence dans la chronologie de la mise en place. Tout cela sent le rattrapage de dernière minute de mesures qui auraient dues être étudiées avec bien d’autres dès le début du mandat pour pouvoir se mettre en place dans le cadre d’un plan global bien étudié comprenant tous les tenants et aboutissants de ce qu’il fallait pour améliorer la création d’emploi.

     Il n’y a eu, en réalité, aucune vraie réflexion pour construire un vrai projet pour relancer la dynamique de l’emploi ce qui aurait dû être fait dès le début du mandat.

    François Hollande s’est contenté du pacte de responsabilité et d’une attente de la croissance qui n’est pas venue en guise de « projet ». On connaît maintenant la situation.

    Le CICE n'a pas eu son plein effet pour toutes  les entreprises qui en avaient besoin par manque de vraies cibles. (http://quaiducitoyen.eklablog.fr/oui-va-falloir-reagir-1-sur-4-a125039940). Le reste ce ne sont qu'annonces tardives et non encore finalisées. 

    QUEL TYPE DE PROJET ET COMMENT LE BÂTIR ?

    Il s’agissait d’avoir une vision globale de la situation de l’emploi, une analyse fine des situations de nos entreprises face au marché intérieur et international mais pas de s’appuyer uniquement sur les théories fumeuses d’un MEDEF partisan qui ne voit que par le petit bout de la lorgnette : la protection de l’entreprise en voulant consolider l’assistanat actuel de celles-ci à coup de baisses de charges , de dérogations à l’impôt, d’injection de financements de l’état tout en voulant accroître la flexibilité et donc la précarité de ceux qui travaillent par un nouveau code du travail déséquilibré qui ne leur garantirait même plus des droits comme les avantages du licenciement économique....

    Taillables et corvéables à merci... pour un développement qui ne peut être qu’hypothétique dans la mesure où il répond à des analyses surannées et dépassées de ce qu’ont besoin les entreprises pour se développer.

    Le premier ministre Manuel VALLS et sa ministre du travail Myriam EL KHOMRI sont certainement des personnes de conviction et c'est bien ce qui me gêne quand ils annoncent que ce projet de loi est à même d'apporter une meilleure sécurité aux salariés et rendre plus accessible l'emploi aux jeunes. Je ne dis pas qu'il ne faut pas améliorer le code du travail y compris pour aider les entreprises. Mais il ne faudrait pas croire comme il est souvent sous entendu dans les propos de celles et ceux qui soutiennent ce projet de loi  que je ne sais pas lire et que je n'ai rien compris de ce que veulent faire passer les rédacteurs d'un texte qui contient en germe les attendus des propositions du MEDEF depuis au moins dix années. 

    RAPPEL : 

    Le 22 janvier 2006, François Hollande, Premier secrétaire du PS, appelait à "une mobilisation très forte" contre le Contrat Première Embauche (CPE) présenté par le gouvernement Villepin. Il y voyait "la première étape du démantèlement général" du droit du travail. François Hollande disait aussi, lors d’un Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, "les syndicats l'ont compris, et les mouvements de jeunes aussi". "Nous soutiendrons tous les mouvements, toutes les manifestations, les initiatives qui pourront être prises pour remettre en cause ce démantèlement du droit du travail".
    Et bien c’est ce qu’ont compris aussi les jeunes d’aujourd’hui et les syndicats en appelant ce 9 mars 2016 et dans les semaines qui viennent à la mobilisation contre le projet de loi EL KHOMRY qui contient aussi les germes "du démantèlement général du droit du travail".

    Il est inutile que je fasse un commentaire de plus...

     

    Pour créer ce vrai projet pour faire revenir l’emploi, il fallait placer d’abord avec autorité et sans complaisance chacun devant ses responsabilités, entreprises et syndicats patronaux ou salariés et animer une réflexion globale tout en s’appuyant sur les avis de tous les économistes - et pas seulement toujours les mêmes - afin de poser d’en poser les bases et d’en déterminer les mesures et agir au plus tôt.

    Cela n' a pas été fait. 

     

    Alors quelles réflexions, quelles mesures? 

     

    C'est dans la suite...car il ne suffit pas de critiquer, il faut proposer.

     

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