• CRISE POLITIQUE ET SOCIALE: UNE SEMAINE DÉCISIVE?

    Après le retour d’Emmanuel Macron d’Argentine ce dimanche, il y a eu une réunion de crise à l’Élysée. Avant cela le président a fait le nécessaire pour constater certains dégâts tout en rendant hommage aux forces de l‘ordre pour réaffirmer son rôle de Chef de l’état et montrer qu’il était à son poste.

    Pas de déclaration prévue mais une demande à son premier ministre de recevoir les chefs de partis et les représentants des gilets jaunes.

    Cela m’amène à faire quelques remarques.

    Cette semaine sera décisive pour dénouer la crise politique et sociale. Politique parce qu'en fonction de ce que dira et fera Emmanuel Macron dépendra toute la suite de son quinquennat. Sociale parce que l'on saura si les Gilets Jaunes ont pu faire réfléchir le pouvoir sur les vrais problèmes qu'il y a à résoudre pour que nombre de français puissent  vivre plus dignement.
    ÇA URGE...

    CRISE POLITIQUE ET SOCIALE: UNE SEMAINE DÉCISIVE?

    (Le Départ des volontaires de 1792, ou La Marseillaise (1836), Paris, arc de triomphe de l'Étoile. Jebulon — Travail personnel- CC0)

     

    UN PRÉSIDENT FACE A LA CRISE

    Je redirai sImplement que cette crise aurait pu être évitée si, dès la naissance du mouvement des Gilets Jaunes, l’exécutif avait su être véritablement à l’écoute et avait pris des décisions susceptibles de faire que le mouvement ne s’amplifie pas avec toutes les conséquences qu’on peut constater actuellement : extension des revendications car des français se sont rencontrés sur les points d’actions de blocage et se sont parlés.

    Ils ont en eu le temps et s’est développé naturellement une connaissance des problèmes des uns et des autres et le sentiment qu’on était pas "tout seul dans ce cas là"... Une auto information politique s’est donc faite dans le sens de la recherche des causes des conséquences. Il fallait l'exprimer, faire savoir qu'on existait... Les revendications se sont donc confortées, étendues et la détermination s’est renforcée pour exprimer une juste colère.

    S’il y a trois semaines, avant la première journée de mobilisation du 17 novembre ou juste après, Emmanuel Macron avait fait l’annonce d’un moratoire sur la hausse des taxes sur le carburant, peut-être cela aurait-il pu suffire à montrer une ouverture du pouvoir à la révision de certaines de ses politiques pour tenir compte du mal être de nombre de français à vivre au quotidien.

    Aujourd’hui, même si ce moratoire était proposé, il semble à l’évidence que cela ne suffirait plus pour calmer la colère qui s’est amplifiée avec, de plus, le sentiment que le pouvoir est soit méprisant soit attend le pourrissement de la situation.

    Les évènements de ces deux derniers samedis avec en point d’orgue une violence qui monte même si elle n’est pas du fait de la majorité des Gilets Jaunes, montrent que l’on a atteint une situation de crise grave qui est une révolte à laquelle l’exécutif doit faire face avec des mesures fortes concrètes immédiates.

    Si l’invitation du Premier ministre aux chefs de partis est normale dans cette situation afin que chacun exprime ses solutions et puisse être mis face à ses responsabilités, la porte ouverte à la discussion avec les représentants des GILETS JAUNES ne peut être  qu’une ouverture de façade.

    L’heure et l'urgence pour le gouvernement n’est pas à échanger ou discuter avec des représentants des Gilets Jaunes qui ont déjà fait connaître leurs revendications.

    C’est au gouvernement et au président Macron de prendre leurs responsabilités pour choisir ce qui dans ces revendications pourra  permettre par des solutions immédiates de traiter la crise et proposer un plan cohérent de sortie.

    Le problème de la représentation des Gilets Jaunes pour négocier n’en est pas un. Ce n'est pas de leur compétence de le faire .Ceux-ci attendent maintenant des décisions de celles et ceux qui ont été élus pour gouverner la France. De ces décisions qui doivent montrer que l'on change de cap, sortira l’attitude de chacun pour suspendre, poursuivre ou arrêter le mouvement.

    Ce sera difficile mais Emmanuel Macron et le gouvernement par leur immobilisme de ces dernières semaines sont face à leur responsabilité qui est pleine et entière pour ce qui concerne le présent quinquennat même si ce qui se produit est le résultat exacerbé des carences latentes des multiples gouvernements précédents.

    Ce n’est donc pas au mouvement des Gilets Jaunes de proposer des solutions mais bien à l’exécutif de le faire mais aussi aux divers groupes parlementaires de l’Assemblée nationale qui, s’ils veulent jouer un rôle positif dans cette affaire, doivent faire des propositions y compris en mettant le gouvernement en demeure de choisir celles qui sont les plus adaptées pour sortir de la crise.

    CRISE POLITIQUE ET SOCIALE: UNE SEMAINE DÉCISIVE?

    LES GILETS JAUNES : EN QUÊTE D’ORGANISATION ?

    J’ai beaucoup écouté celles et ceux des gilets Jaunes interviewés ou présents sur les plateaux télé ou les ondes radios et j’en viens à dire que peu importe qu’il n’y ait pas, pour l’instant, de représentants.

    Il semble en effet que la manière dont doit évoluer le mouvement n’en est qu’à son début de réflexion.

    Pour le moment, ils n’ont pas besoin de représentants pour dialoguer avec le pouvoir puisque c’est au pouvoir de faire le nécessaire pour sortir de la crise qui si les décisions sont bonnes s'éteindra d'elle même.

    Ils ne sont pas là pour proposer des solutions mais attendent, avec raison, que ceux dont c’est le rôle le fasse : le président, le gouvernement, l’assemblée nationale.

    Dans le mouvement, on perçoit bien les divergences ou les hésitations.

    Sur la forme des actions, elles sont multiples.

    Pour les uns elles doivent évoluer au niveau des blocages pour gêner plus les instituions que les français dans leur quotidien.
    Pour d’autres, il faut porter atteinte à l’économie, gêner les grandes surfaces, bloquer les dépôts de carburants pour faire pression.Pour une minorité qui risque de s’élargir si le gouvernement ne réagit pas positivement, la violence peut-être une solution pour faire « plier » le gouvernement.

    Je le disais récemment : « Sans doute nombre de gilets jaunes ne croient plus ni aux politiques, ni aux syndicats ni aux élections. Je crois même qu’Ils ne votent d’ailleurs plus pour certains depuis longtemps. En cela ils ne participaient donc plus à la vie politique et laissait les autres faire. Ils disent aussi que la dernière assemblée nationale « élue » ne les représente pas mais représente une caste, celle d’une élite dans laquelle ils ne se retrouvent pas. »

    Cela semble être un problème majeur dont la responsabilité incombe en partie au système électif qu’ont utilisé à tour de rôle, les partis pour rester au pouvoir selon la règle du scrutin uninominal majoritaire à deux tours qui réduit de manière considérable la représentation de millions d’électeurs mais permet, selon ses défenseurs dont je ne suis pas, une stabilité en ayant des majorités absolues pour gouverner. La seule élection à la proportionnelle de l’assemblée n’a eu lieu qu’en 1986 sous la législature de Mitterrand. L’élection suivante vit le retour du scrutin majoritaire et depuis plus aucun président n’y a touché même pas par celui qui se prétendait de gauche, François Hollande, qui aurait pu essayer de le modifier avec au moins une dose de proportionnelle.

    Sur la manière de s’organiser, les avis divergent.

    Pour une grande majorité, les "Gilets Jaunes" ne semblent pas prêts à élire un ou des leaders au nom de cette méfiance qu’ils ont dans tout ce qui est organisé. C’est conforme à l’origine du mouvement.

    D’autres semblent vouloir faire cavaliers seuls et s’autoproclament « porte-paroles d’une colère constructive ». C’est le cas de 10 personnes qui sont prêtes, sous condition, à aller discuter avec le premier ministre. Elles sont critiquées par la base sur les réseaux sociaux avec des reproches quant aux accointances politiques qu’elles pourraient avoir avec la droite ou même suspectés de vouloir se faire connaître auprès des médias , la télévision en particulier.

    Elles ne sont pas reconnues non plus, et pour cause, par d’autres porte-paroles, ceux qui ont mis en ligne dimanche 2 décembre , le site "officiel" des gilets jaunes qui se veut la source de toutes les informations sur le mouvement.(http://giletsjaunes.e-monsite.com/).  Il y a aussi des représentants départementaux qui semblent issus d’un vote sur les réseaux sociaux.  Dans l’Yonne il se prépare, par exemple, le vote d’un représentant avec bureaux de vote et création d’une association.
    Ailleurs d'autres associations se créent. En regardant l’émission spéciale organisée hier soir sur la 2, j'ai appris qu’il existait une association « Gilet jaune le Mouvement » créée par des citoyens de la région lyonnaise. L’objectif est d’exister après le mouvement y compris s’il faut se présenter à une élection.

    Les formes d'organisation sont donc multiples mais en tout cas, il y a ici et là une volonté de s’organiser. A suivre donc.

    Parce que si le Président fait des propositions acceptables, viendra inévitablement l'heure de négocier.  Mais on y est pas encore.

    Y aller ou pas à Matignon ? Tel est leur problème.

    Pour lors, même si le Premier ministre reçoit "des Gilets Jaunes", il ne pourra se prévaloir d’un quelconque accord compte-tenu que la représentativité ne sera pas effective. tout au plus pourra t-il entendre ce qu'il connait déjà des revendications et peut-être en discuter.

    Ce ne peut-être qu'une opération de communication pour faire valoir que le gouvernement veut "dialoguer" comme le dit Richard Ferrand, le président de l'assemblée nationale. Selon moi , lui non plus  n'a pas compris la situation et que ce n'était plus le sujet.

    A suivre demain.

    CRISE POLITIQUE ET SOCIALE: UNE SEMAINE DÉCISIVE?

    (auteur openicons, CC0 domaine public)

    L’ATTENTE

    Attention, entre 100 et 150 lycées ont été bloqués aujourd'hui avec des revendications qui touchent à mobiliser contre Parcoursup qui a té fortmetn contesté et a laissé sur la touche nombre de lycéens , la réforme du bac et du lycée et la réforme de la voie professionnelle qu'on veut mettre en place sans concertation. Selon un responsable syndical, ils veulent profiter du ras-le-bol général des «gilets jaunes» pour se faire entendre».Ce n'est pas n'importe quoi: ce sont les réformes faites ou annoncées du gouvernement depuis la dernière rentrée. Nombre de syndicats lycéens soutiennent ces actions.

    J'apprends, ce soir, que dans les universités ça commence à gronder du fait de l'annonce de l'augmentation des frais de scolarité pour les étudiants étrangers. Une crainte fondée que cela soit le prémisse à une augmentation pour tous les étudiants français. 

    Sans compter la grève des ambulanciers, il semble que les Gilets Jaunes aient commencé à bloquer les raffineries et que l'on rationne le carburant dans certains départements du sud.

    N'oublions pas les diverses manifestations locales dans certains services de santé...

    La contamination est à craindre...

    La fatigue des membres des forces de l'ordre me semble aussi inquiétante. Elle se comprend car obéissant aux ordres ils font leur métier mais ils "dégustent" jusqu'à quand?

    Les syndicats seront reçus par le ministre de l'intérieur. Certains syndicats remettent en cause la stratégie de ceux qui  ont donné les ordres pour faire face aux manifestations de Paris samedi dernier....

    Pour ma part j’attends une intervention forte du président de la République.

    Ce qui m’intéresse est bien sûr ce qu’il dira et pas quand il le dira mais à mon avis il doit faire diligence...

    Ce qu'annoncera le président dans les prochaines heures sera décisif pour qu'il y ait une sortie de crise.

    Sinon, hélas, tout est possible.

     

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